Je n'avais encore jamais vu ce film de 1956 qui vaut surtout par la présence de Carroll Baker, visage enfantin et courbes prometteuses, mariée à un exploitant de coton au bord de la faillite.
L'époux, plein de frustration et de colère rentrée, attend, en rongeant son frein, les 20 ans de sa toute jeune femme, lié par la promesse à son futur beau-père, de ne consommer le mariage que le jour de cet anniversaire, tout en épiant avec convoitise les faits et gestes de la blonde enfant.


On retrouve cette cruauté si caractéristique du cinéaste et du scénariste Tennessee Williams dans les rapports humains, l'omniprésence du désir et de la haine, mais le film pèche par le jeu assez caricatural de Karl Malden, un Archie Lee plein de ressentiment de jalousie et d'aigreur qui surjoue un peu dans ce rôle ingrat, face à Eli Wallach, Sicilien matois et séducteur qui, contre toute attente, va faire vivre à Baby sa première nuit d'amour dans son lit de petite fille-qui-suce-son pouce: scène d'un érotisme suggéré et d'autant plus troublant, où le "mari" se voit ainsi dépossédé de son bien le plus précieux.


Un film qui explore les ressorts de l'âme humaine, l'envie, le désir et surtout la vengeance, servi par un noir et blanc sublime et toute l'ingénuité perverse de la jeune actrice de l'époque.

Créée

le 19 déc. 2011

Modifiée

le 20 sept. 2012

Critique lue 1.8K fois

37 j'aime

9 commentaires

Aurea

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

37
9

D'autres avis sur La Poupée de chair

La Poupée de chair
Docteur_Jivago
7

L'humain face à ses pulsions : Portrait d'une "Baby Doll"

Douzième film d’Elia Kazan et deuxième collaboration avec Tennessee William, « Baby Doll » nous envoie dans le sud des Etats-Unis suivre un couple composé de Archie Lee, un aristocrate ruiné (Karl...

le 28 mai 2014

10 j'aime

6

La Poupée de chair
hotgavial
10

Un chef d'oeuvre trop ignoré

D'Elia Kazan, on connaît surtout des film tels que Un Tramway nommé désir ou A l'est d'Eden. Baby Doll n'est certes pas un film complètement anonyme, mais l’absence de stars comme Marlon Brando ou...

le 21 déc. 2015

5 j'aime

La Poupée de chair
Fatpooper
10

Une enfant dans un corps de femme

Excellent film. Hier je me plaignais du manque d'érotisme dans le film "Mademoiselle" (Ah-ga-ssi) ou plutôt de la mise en scène maladroite pour y parvenir, avec des plans trop insistants, un montage...

le 4 mai 2021

2 j'aime

Du même critique

Rashōmon
Aurea
8

Qu'est-ce que la vérité ?

L’Homme est incapable d’être honnête avec lui-même. Il est incapable de parler honnêtement de lui-même sans embellir le tableau." Vérité et réalité s'affrontent dans une oeuvre tout en clair...

le 30 oct. 2012

419 j'aime

145

Call Me by Your Name
Aurea
10

Parce que c'était lui...

Dans l'éclat de l'aurore lisse, De quels feux tu m'as enflammé, O mon printemps, mon bien-aimé, Avec mille et mille délices! Je sens affluer à mon cœur Cette sensation suprême de ton éternelle...

le 23 févr. 2018

369 j'aime

278

Virgin Suicides
Aurea
9

Le grand mal-être

J'avais beaucoup aimé Marie-Antoinette de Sofia Coppola, j'ai regardé sur Arte, Virgin Suicides, son premier film qui date de 1999, véritable réussite s'il en est. De superbes images pour illustrer...

le 30 sept. 2011

357 j'aime

112