Années 80, l'histoire est celle d'un gardien de la paix affilié au pôle "enquêtes criminelles" de son commissariat dont la tâche consiste à enquêter sur plusieurs séries de meurtres dans une petite ville de province.


Or, il s'avère que notre cher ami n'est en fait que l'enquêteur de ses propres meurtres puisque c'est lui qui tue toutes les filles du village. De surcreoit, chaque fois que ses collègues l'informe de la commission d'un nouveau meurtre, Alain Lamarre ose proférer systématiquement un " Les gars, on va l'avoir ce salaud ! ", alors qu'il lui reste une goutte sang sous le képi !


Le scénario, inspiré d'une histoire vraie, se base donc sur la schizophrénie meurtrière du personnage. Pas besoin d'évoquer le paradoxe entre sa mission de flic et son véritable-moi. Mais justement, peut-on affirmer que ses meurtres soient la signature de son véritable "moi", du fait de sa maladie ?
Pourtant, la vie semble lui esquisser un sourire à notre anti-héros : un métier (encore) bien réputé, une solidarité sincère entre collègues, une attirance réciproque avec la petite amie... au fur et à mesure qu'on découvre qu'il a accès au bonheur, ses meurtres montent en cruauté.


En tant que spectateur, on tâchera de se maintenir en funambule pour éviter :
- de s'éprendre d'empathie pour ce flic, dont la souffrance donne l'impression qu'il est aussi victime que ses victimes. Et l'interprétation de Guillaume Canet cultive tellement bien cette empathie : stoïque dans l'attitude, et tellement vulnérable dans le regard.
- et quand bien même c'est trop tard : d'éviter d'avoir trop d'empathie pour cet assassin !


Selon moi, le point fort du film vient du fait qu'il n'y ait jamais de temps de morts (malgré sa vitesse de croisière) : à chaque développement, une nouvelle intrigue. Va-t-il vraiment oser la tuer, alors qu'il est en poste ? Et comment fait-il à chaque fois pour n'éveiller aucun soupçon parmi ses collègues ? Celle-ci est-elle déjà la prochaine ? Entre temps, le mal aura déjà frappé.


La multiplication de ces questions logiques (culpabilité ? remords? motivation?soupçons de la copine?) crée cette tension anxiogène à l'écran - sans qu'aucun développement du film ne daigne de nous prédire la fin de ce suspens interminable.


Le seul bémol du film : trop gris, techniquement parlant ! Je veux bien comprendre que l'on soit dans un thriller et qu'il faille générer l'atmosphère adéquate! Sauf que là, un contraste gris sur un film dont le ciel est déjà gris, avec un protagoniste d'humeur grise, gris-sur-gris font que notre teint lui-même se transforme en gris ! Le même gris qu'un écran d'ordinateur dont la touche "constraste" ne fonctionne pas, puisque l'on est présentement dans une salle de ciné !


Hormis ce détail (de taille), je recommande à tous ceux qui aiment les thrillers bien ficelés avec un dénouement original et à contre-temps !

Polenta87
7
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le 4 mai 2015

Critique lue 281 fois

Polenta87

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