Sens critiqueur, sens critiqueuse... On vous ment.


On vous ment en vous présentant La Proie d'une Ombre comme un nouvel opus du genre épouvante horreur. On vous ment de la même manière quand on vous dit que La Proie d'une Ombre, c'est archi classique et déjà vu dans son mystère.


Car le film réinvestit ces clichés par le biais d'une approche originale, fondée sur son personnage vedette, qui, sans l'interprétation d'une Rebecca Hall toute en retenue, l'oeuvre menacerait de se casser la gueule.


Ainsi, non, c'est loin d'être un film d'épouvante. Oui, il y a des coups dans la porte, l'abolition des frontières entre le réel, la fiction et le cauchemar. Mais c'est aussi autre chose, un peu comme le récent Relic, qui s'emparait du genre afin d'embrasser le grand âge dans tout ce qu'il a de plus fragile et malsain.


Et tandis que David Bruckner applique cette approche au deuil de l'être aimé en teintant la tragédie subie par l'héroïne d'énigmatique puis, peu à peu, d'un feeling inquiétant enveloppant le personnage d'Owen qui, ne se montrant que peu à l'écran, s'avère pourtant être une menace ingénieuse et diablement efficace. Aucun pathos ici, avec une absence de flashbacks qui auraient pu susciter une empathie artificielle. La Proie d'une Ombre préfère jouer sur plusieurs idées et représentations ésotériques donnant du poids au mystère entourant ce suicide et une sensation de déstabilisation qui nous fait entrer littéralement dans la tête de Beth.


Le reste, c'est de l'impression, comme ces silhouettes qui semblent se dessiner au gré des angles du mobilier et de la décoration. C'est aussi du sensitif tendance surnaturel qui décalque


une séquence culte de Ghost


en l'abordant dans toute son étrangeté et son angoisse. Et pourtant, Bruckner n'en écarte pas moins un aspect poétique et mélancolique qui prend au coeur.


Et c'est là que l'on réalise finalement que La Proie d'une Ombre, c'est un film qui ne parle


que d'amour.


Certes de la manière la plus étrange qui soit. Mais avec un sens de l'intime qui pare une des plus grandes douleurs que l'on peut éprouver. Avec un sens de la caméra qui enchaîne les jolies trouvailles de mise en scène et de jeu d'images sans pour autant se montrer ostentatoire.


Une telle sensibilité ne peut que cueillir, sans aucune ombre au tableau. Et oui, décidément, on vous ment quand on vous présente le film comme une simple oeuvre d'épouvante.


Behind_the_Mask, qui n'est pas chaud pour un p'tit tour en barque.

Behind_the_Mask
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le 27 sept. 2021

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