La Promesse de l'Aube, je n'en ai gardé que de vagues souvenirs. Ceux de mes collégiennes lectures. Avec un peu d'ennui. Mais aussi cette mère et ce sentiment d'omniprésence, cette jeunesse en Pologne, ces chapeaux vendus au porte-à-porte, cette terre avalée pour les beaux yeux d'une petite fille. Et surtout, ces énormes cornichons que le jeune Romain mangeait avec délice.


Je ne serai donc pas le mieux placé pour juger de la qualité du film en tant qu'adaptation du bouquin de Romain Gary. Il n'était donc pas attendu au tournant de ce point de vue. Non.


Ce que j'attendais bien plus, c'était la performance de Charlotte Gainsbourg dans la peau de ce personnage bigger than life qui était resté malgré tout dans ma mémoire. Car de prime abord, l'actrice n'était pas le choix le plus évident pour un tel rôle. Et les premières minutes de l'oeuvre le confirment.


Cependant, peu à peu, Charlotte s'impose et devient Nina, en s'emparant de toute son exubérance, ses exagérations et de son amour sans limite et intransigeant. Elle est sans doute le principal atout de cette Promesse de l'Aube qui dessine avec acuité cette relation mère fils extrêmement intime, tout comme le souci du petit Romain de mériter, de satisfaire cet amour inconditionnel et exclusif.


Le film excelle dans cette peinture, surtout dans une première partie en tous points conforme au souvenir qu'avait gardé le masqué de ces antiques lectures. Il a dès lors été facilement entraîné dans une oeuvre pleine de promesses quant à l'enthousiasme qu'elle suscitait, que les passages de Didier Bourdon et Jean-Pierre Darroussin ne pouvaient que confirmer.


Mais malheureusement, cette bonne impression s'estompait petit à petit. De manière imperceptible dans une deuxième partie. Puis de manière sauvage dans la dernière ligne droite, aussi plate qu'une crêpe bretonne en centre de rééducation. Pas étonnant, vu que le personnage central, qui portait le film sur ses épaules, se fait la malle et ne réapparaît plus que de manière fantomatique et par le biais d'une voix off assez lourdingue.


La faute aussi, sans doute, à une réalisation qui, peu à peu, semble manquer de souffle alors même que Romain Gary est pourtant emporté dans le tourbillon historique de la seconde guerre mondiale. Le film manque alors singulièrement d'élan, qui ne refait surface que le temps d'une révélation finale que l'on voyait venir de loin. Sans doute l'aventure africaine de l'écrivain, qui n'apporte pas grand chose au scénario, aurait mérité d'être sabrée, ou au moins raccourcie dans ses délires fiévreux.


Si l'on ajoute à ce problème de tempo une voix off envahissante d'un Pierre Niney qui s'endort, procédé paresseux de l'adaptation littéraire, certaines scènes comiques (malgré elles ?) embarrassantes et une contextualisation mexicaine qui pathétise l'écrivain d'une manière assez meurtrière, il apparaît assez clair que La Promesse de l'Aube ne la tient qu'en partie, toute oeuvre pelliculée sympathique, sans plus, puisse-t-elle être.


A tel point qu'il ne sera pas interdit de rester un peu sur sa faim à la sortie de la salle, surtout au vu d'une première partie de film qui restituait à merveille les souvenirs lointains des lectures du masqué, qui a envie, du coup, de ressortir le bouquin de sa bibliothèque.


Ne serait-ce pas, au final, le principal mérite de La Promesse de l'Aube ?


Behind_the_Mask, allo maman bobo.

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le 2 janv. 2018

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