Il aura donc fallu près de 10 ans pour voir La Reconquista traverser les Pyrénées. Les aficionados de Jonás Trueba ne seront pas dépaysés, ils y retrouveront l'apparente simplicité de la mise en scène et du scénario de l'histoire racontée, tout entière consacrée à un couple, amoureux à 15 ans, séparé et de nouveau réuni, 15 ans plus tard, pour reprendre, ou pas, son aventure sentimentale. L'aspect bavard, avec un passage de café en bar, et le côté anodin, en apparence en tout cas, rappellent un peu l'univers de Hong Sangsoo, avec l'esprit madrilène en plus. La deuxième partie du film, après ce détour dans le futur, s'en éloigne en abordant les rives de l'adolescence et se révèle non seulement touchante, mais a aussi le pouvoir de rendre ce qui a précédé plus que charmant. Ce dernier qualificatif ne signifie pas mièvre, loin de là, mais il ne faut pas chercher une valeur plus profonde aux œuvres du cinéaste espagnol. La reconquista, permet aussi, et ce n'est pas rien, de voir la première collaboration entre Jonás Trueba et l'exquise Itsaso Arana. On n'a d'yeux que pour elle, pratiquement, pendant plus d'une heure, et on en aurait bien pris pour bien plus longtemps, tellement on ne peut que tomber amoureux de sa grâce, de son sourire et de sa conversation, quel que soit ce qu'elle dit, d'ailleurs.