Ça se regarde sans déplaisir

Ça n'est évidemment pas du très bon cinéma, mais dans les productions de ces dernières années il y a infiniment pire. Et compte tenu des critiques souvent tièdes, voire ronchonnes que j'avais pu lire, j'ai été plutôt agréablement surpris.

La chance du film c'est son scénario, qui est plutôt bien pensé et agencé, ainsi que relativement intrigant. Il faut dire que Wargnier et ses deux coscénaristes ont eu tout le temps de le concocter (avec notamment des ellipses bien maîtrisées, un montage habile), puisque son précédent film date d'il y a onze ans. Donc, de mon point de vue, plutôt bon scénario, très romanesque, à cheval sur le thriller, le film gastronomique (tout le côté gastronomique est très soigné, les plats préparés font envie) et le documentaire touristique sur les forêts de Bretagne, celles luxuriantes de Taïwan, voire la découverte de Taïpeh. Bref, j'ai fait un voyage d'une centaine de minutes pas désagréable et non, je n'ai pas regardé ma montre. Quant aux acteurs et actrices qui font vivre cette histoire un peu improbable (mais pas plus que dans bien des films), j'ai pris un certain plaisir à les regarder et leur jeu est sinon époustouflant, du moins correct. J'ai trouvé beaucoup de présence à l'acteur taïwanais J. C. Lin. Clovis Cornillac et Louis-Do de Lencquesaing forcent sans doute un peu la note, mais comme ils jouent des scènes typiquement de cinéma (excessivement romanesques), on va dire que ça ne choque pas vraiment (ils font leur cinéma). Là où le bât blesse davantage, c'est pour l'histoire d'amour incarnée par Julia de Nunez et Julien de Saint-Jean. La situation qu'ils doivent jouer est délicate, embarrassante pour l'un comme pour l'autre, et ne sachant pas trop sur quel pied danser, ils ont, eux, tendance à sous-jouer pour éviter le ridicule. Du coup, ça manque de passion entre eux, on aimerait les sentir plus amoureux l'un de l'autre. C'est là, la vraie faiblesse d'un film, certes un peu académique, mais qui, je le dis encore une fois, n'est pas désagréable à suivre et à regarder. La photographie est belle et m'a presque donné envie de partir quinze jours à Taïwan. L'île m'est apparue à la fois exotique et assez occidentalisée. En contraste saisissant avec la Chine continentale du, par ailleurs superbe, film Black Dog sorti tout récemment.