---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au dix-neuvième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Éternel,


Je m’apprête à me lancer dans une longue traque. L’île sur laquelle j’ai atterris est plus grande que je ne le pensais, et presque entièrement sauvage. Les quelques renseignements que j’ai pu glaner dans les villages depuis mon arrivée sont simplement que mes suppositions sont confirmées : Wulver ne fait qu’apprendre à se faire toujours plus discret. Personne n’a vu quelqu’un lui ressemblant, quel que soit la forme sous lequel je le décris. Il ne me reste plus qu’à longer la cote à sa recherche, et si je ne trouve pas, à m’enfoncer dans les terres et inspecter chaque lac, chaque rivière. Je ne cesserai de t’écrire pendant ce temps, mais je serais coupée de la civilisation humaine, je garderais donc mes lettres jusqu’à mon retour, et te les enverrai de manière groupée une fois mon périple terminé. Il en sera de même pour celles que tu m’enverra. J’espère retrouver un petit monticule dans ma boite aux lettres quand je reviendrai. C’est donc mon dernier espoir pour t’implorer de cesser cette folie. Quand je reviendrais il sera trop tard, tout sera fini. Tu seras un héro de guerre encore une fois, ou mort. Je t’en prie ne me laisse pas toute seule dans cette humanité folle que tu m’as enseignée…


Tu sais ce n’est pas le film de ce soir qui va pouvoir me rassurer. Il parle d’un futur apocalyptique qui ne laisse plus d’autre chemins à suivre au personnage que celui qui fait demi-tour, plus d’autre choix que de retourner vivre dans le passé. Le scientifique brillant qui par ses expériences provoque la destruction de son monde part à la rencontre de son alter-ego romanesque, de sa créature et de sa créatrice. Hormis le fait que Mary Shelley soit une contemporaine du baron Frankenstein, bizarrerie dont le film contourne maladroitement une explication qu’il n’a pas, le pitch semble intéressant. L’ensemble m’intéresse d’autant plus que le film a l’extravagance inédite pour ce mois de s’atteler à une adaptation de roman qui n’est pas celui de Mary Shelley. Jusqu’ici je n’avais eu que des dérivation autour de ce roman, ou des films inventant eux même leur propre histoire -ou suite- à partir des deux protagonistes récurrents. Ici, et pour la première fois, le film combine le confort de se reposer sur un récit pré-existant et la malice de raconter quelque chose de nouveau. Frankenstein délivré, roman que je n’ai pas eu la chance de lire, semble assez reconnu par ses paires pour lui supposer une certaine qualité. Tu vas tomber de haut, mais après toute cette introduction très prometteuse, je suis au regret de t’annoncer que le film m’a malgré tout déçue.


Si ce n’est ses yeux, et la géniale et très esthétique idée de faire courir les cicatrices jusque dans ses orbites, le premier point négatif est que la créature est proprement immonde. Pas un immonde effrayant réussi comme on en avait vu dans Le Retour de Frankenstein, mais bien un immonde raté de créature ridiculisée par le moche comme on en a vu beaucoup dans la décennie maudite que sont les années 80. Les personnages, que ce soit la créature, son créateur, la créatrice du créateur ou le personnage principal sont plutôt inintéressant, et le film semble frôler des sujets qui pourraient avoir du potentiel sans s’en rendre compte. Finalement, et de manière assez ironique, le personnage qui m’aura le plus plu est celui de la voiture, sorte de créature de Frankenstein 2.0 qui éprouve une affection non-réciproque pour son créateur. La fin se voulant mystique n’est qu’au final assez obscure, et libératrice de son spectateur qui se sentait un peu prisonnier d’un récit qui commençait à s’enliser. Sans parler des effets spéciaux ratés qui ont fait la renommé du réalisateur, ce film n’est au final qu’une bonne idée sur le papier transformée en une œuvre plutôt oubliable à l’écran, combinant égalitairement bons et mauvais point. C’est dommage.


Je te laisse ainsi, pour une absence manuscrite prolongée.
Je suis déjà fière de toi, mais je t’en conjure, rends moi encore plus fière en survivant à cette guerre imminente, et ne laisse pas ces lettres être les dernières que nous échangerons.


Nous sommes fait pour nous aimer éternellement,
H.

Zalya
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le 26 nov. 2018

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