• Les autres mourront moins facilement. Mon frère sera vengé.

  • Si tu brûles le fort, cela ramènera-t-il ton frère à la vie? Approuverait-il une autre guerre?

  • On se battra. Le cri de mon frère est le mien. On luttera.

  • Tu signes la mort de ton peuple. L'armée des Blancs vous anéantira, elle construira des villes sur vos terres et vous traitera comme des bêtes.

  • Tes paroles ne m'effraient pas.

  • Quand tu feras ta guerre, dis-moi de quel côté devra être notre fils. Un jour, elle me donnera un fils. Cette guerre sera longue. Tous ici rejoindront ton frère avant que la paix ne revienne.



La Rivière de nos amours(1955) est la première production de Kirk Douglas qui pour lancer son premier film a fait appel au réalisateur hongrois André De Toth pour proposer un western humaniste, amenant des thèmes plus complexes qu'à l'habitude rendant un peu justice aux Indiens qui sont traités ici avec plus d'humanité et de profondeur. Armé d'une superbe photographie, de l'action n'envahissant nullement l'intrigue pour laisser place au drame, et d'une distribution efficace, Kirk Douglas n'hésite pas à s'investir faisant de cette production un western divertissant empreint de grandiose ainsi que de simplicité.


Avec ce long-métrage, il paraît évident que Kirk Douglas est un homme défendant les valeurs du Parti démocrate. Il exploite à travers son western le cadre d'une société américaine encore fermé à l'union des communautés de citoyens, asservissant les minorités ethniques par opportunisme (le rêve Américain). Sous les traits de Johnny Hawks, Kirk Douglas assure la protection des moins puissants, cherchant à intégrer une paix durable entre Les Indiens Sioux et les colons américains. Toutefois, jamais l'intrigue ne prend le chemin de la moralisation même si le racisme est démontré, cherchant avant tout à consolider l'idée d'un progressisme par l'acceptation qui malheureusement arrivera trop tard dans la réalité, mais servira tout de même à donner forme à la vision fantasmée du comédien.


Un récit un peu simplet dans la relation amoureuse entre le héros et sa belle Sioux, qui réussit tout de même à être un minimum intelligent en multipliant les fausses pistes avec son personnage principal dont on se demande durant une bonne partie, s'il est bien un homme bon et non un vaurien roublard manipulateur attiré par l'appât du gain. Présentant avec retenue quelques coutumes Indiennes sans faire une réelle fixette dessus, le réalisateur préfère aborder le comportement très ouvert d'un homme traitant en toute égalité les deux clans. Heureusement le film n'est jamais mielleux et ne ferme pas une fois les yeux, présentant avec honnêteté les hommes blancs, comme des poseurs de problèmes qui peuvent néanmoins évoluer.


Amoureux des grands espaces, La Rivière de nos amours vous comblera. Les décors naturels sont superbes, avec des cadres profonds sublimés par le technicolor rendant le contraste de l'histoire plus grand que nature. Le film prend même des proportions de protection environnementale bienvenue. Les actions sont minimalistes, cependant on a droit à une confrontation surprenante entre les Ricains et les Amérindiens, avec une technique d'attaque par le feu superbement mise en scène. Une séquence d'action qui tient toutes ses promesses par une violence relativement démonstrative.


Kirk Douglas est très bon dans rôle de Johnny Hawks un éclaireur reconnu pour sa proximité avec les Sioux. J'aime ce personnage non dénué de défauts, qui malgré ses nobles intentions est un mufle responsable malgré son ressentiment de la conquête de l'Ouest. Onahti la fille du chef est incarnée par la jolie Elsa Martinelli, qui apporte peu de subtilité à la trame malgré sa petite importance et semble avant tout choisie pour la séquence où elle se baigne nue dans la rivière. Les deux figures emblématiques des deux camps Peaux-Rouges et Visages Pâles : " le capitaine Trask par Walter Abel pour l'armée américaine et le chef Red Cloud par Eduard Franz pour les Sioux". Ils incarnent des hommes loyaux qui malheureusement se retrouvent en guerre à cause de deux hommes Wes Todd alias Walter Matthau et Chivington alias Lon Chaney Jr., guidés par l'avidité de l'or, n'hésitant à faire éclore une guerre pour le profit.


Parmi les problématiques de La Rivière de nos amours, je retiens son titre en Français qui clairement ne saisit nullement les enjeux de l'histoire. Le plus déroutant vient de sa fin qui arrive d'un coup, comme s'il manquait une séquence entre la confrontation finale et le mot de fin. On ne saura jamais si les colons sont au courant qu'ils doivent leur survie à Kirk Douglas. Enfin la relation entre Kirk Douglas et Elsa Martinelli est assez cliché, avec à l'époque une curieuse méthode de démonstration de l'amour par la force physique, ne laissant d'autres choix à la plus faible que d'embrasser le plus fort. Il vaut mieux être sûr et certains des résultats, car dans le cas contraire c'est une agression sexuelle. Autres temps, autres moeurs, enfin je suppose.


CONCLUSION :


La Rivière de nos amours est un western bienveillant envers les Amérindiens réalisé par André De Toth et produit pour sa première fois par un Kirk Douglas courageux qui s'investit pleinement sur ce projet. Avec cette oeuvre le comédien affiche pleinement son combat progressiste en affichant clairement son étiquette démocrate, n'hésitant pas à provoquer par des dilemmes moraux.


De l'immense carrière du légendaire et regretté comédien Kirk Douglas, il me semblait judicieux pour lui rendre un petit hommage, de faire la critique de ce long-métrage qui n'est clairement pas le meilleur de sa filmographie, mais qui symboliquement en dit beaucoup sur la mentalité et le parcours de ce titan du cinéma, qui emporte avec lui tout un pan cinématographique.

B_Jérémy
8

Créée

le 8 févr. 2020

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