Pour son quatrième long-métrage Andrew Haigh adapte le roman éponyme de l’écrivain et chanteur de country Willy Vlautin. «Lean on Pete»; une balade à la Huckleberry Finn ou Tom Sawyer, comme de l’eau claire, tendre et adolescente.


Puisqu’il faudra le dire, débarrassons-nous en ici: «La route sauvage» semble être l’adaptation d’une histoire pensée comme un prétexte pour (re)plonger dans l’une des mythologies les plus photogéniques. Composée sans grande ambition scénaristique, c’est une histoire au service d’une esthétique (à laquelle il faudra être sensible par ailleurs). La chose est bien connue au cinéma et «Lean on Pete» se révèle être un hommage à la mélodie pittoresque de l'ouest américain. Mark Twain, Jack Kerouac, London, Johnny Cash... s’il y a une mythologie de l’Amérique c’est bien elle: la route et les âmes vagabondes brûlant le dur des espaces infinis.



Une nymphose californienne à cheval, direction le Wyoming ...



Des vies se déchirent et d’autres se mêlent au hasard d’une belle narration. Charley Thompson (Charlie Plummer), ce wanderer californien crapahute dans un tableau alvéolé de rencontres. L’épopée est touchante, quelque peu attendue et le film ne s’envolera jamais au-delà de l’énoncé mais la flopée d’acteurs est délicieuse: De Travis Fimmel (de la série Vikings), le père aux allures de grand-frère, instable, buveur et Casanova de diner, à Steve Buscemi, amer et paternaliste dans son rôle d’éleveur de chevaux, jusqu’à Chloë Sevigny d’une justesse émouvante dans son rôle de jockey en fin de gloire.


Naïf lorsqu’il parle d’une Amérique sans rien en expliquer, le film nous contera néanmoins le mélodrame de cette middle-class blanche persistant vainement dans une époque révolue. Au milieu, la fougue transcendantale, irrésolue et adolescente du jeune Charley. Livré à lui-même, l’acteur est de tous les plans, un little highwayman pour une invitation au voyage. Une nymphose californienne à cheval, direction le Wyoming et guidée par le souffle du désert. La route s’embaume de la mythologie de ses pairs. Certes un peu lissé mais cristallin, Andrew Haigh signe ici un joli conte initiatique.


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guardianalfred
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le 30 avr. 2018

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