Film très rare mais pourtant essentiel, La traque raconte la visite d'une jeune touriste anglaise en plein milieu de la campagne française où elle se retrouvera confrontée à un groupe de notables locaux en pleine partie de chasse.
La Traque est un film sans concessions sur les turpitudes de ses personnages issus de la petite bourgeoisie et n'hésite pas à dénoncer la veulerie et la lâcheté des hommes rassemblés en bande, pour ne pas dire en meute, prêts à toutes les saloperies pour conserver leurs petits trains de vie.
La description du milieu rural et des petits arrangements entre les nantis du cru est très réaliste et les acteurs excellent à nous faire croire à leurs personnages qui, en l’espace de deux ou trois scènes en début de film, sont brossés de façon très précises,et dès le début la mise en scène arrive à nous montrer que cette bande de potes est moins liée par l’amitié que par des intérêts bassement matériel. Le casting est incroyable et tous les acteurs semblant être nés pour interpréter les différents rôles.
La mise en scène reste très sobre et ne surligne jamais la tension et la violence de façon graphique, mais pourtant l’ambiance glauque est bien là, générée notamment par le jeu des acteurs et les teintes automnales des décors naturels de forêt normande.
Ce film montre, à quel point l’homme en groupe est capable, pour protéger son capital (car il est bien question de ça), de passer outre sa morale bien-pensante, affichée à l’église ou dans une course aux élections, voire de sacrifier des proches. Ce métrage, toujours d’actualité, dénonce de façon radicale la violence systémique de la bourgeoisie patriarcale et sa solidarité interne lui permettant de conserver son pré carré.
La radicalité du film, malgré son casting de stars de l’époque, l’a écarté des écrans, et ses diffusions TV furent très rares et les éditions en physique sont introuvables à un prix raisonnable. Si vous en avez l’occasion ne manquez pas ce bijou des années 70 mais tenez-vous prêts à être remués.