Des trois opus de la trilogie d'Oslo, Désir est celui qui a reçu le moins bon accueil critique.
Il faut dire que sa forme est moins ample que celle des deux autres parties : Rêves offrait une variation polyphonique autour de la notion de réalité et Amour dessinait une vaste carte du tendre moderne.
Désir, lui, ne montre pratiquement que des dialogues ayant pour sujets deux évènements étonnants concernant deux amis ramoneurs (!) : le premier a eu une relation sexuelle avec un client (alors qu'il n'est pas homosexuel), et le second fait un rêve persistant dans lequel David Bowie le regarde comme une femme (!!).
Les deux amis échangent avec leur compagne respective sur ces sujets lors de longues conversations lors desquelles toute une variété de sentiments d'une étonnante profondeur se font jour. La mise en scène, qui pourrait être statique, se réinvente constamment, à l'image de la première scène lors de laquelle la caméra pivote doucement dans un somptueux mouvement.
Haugerud introduit également dans son récit de curieux évènements, qui apportent au film une tonalité d'étrangeté poétique : une maladie de peau erratique, un attrape-rêve suspendu, une thérapeute qui soliloque sur Hannah Arendt. Toutes choses qui semblent amplifier et faire résonner la sourde interrogation qui constitue l'épine dorsale du film : quelle est la véritable nature du désir, et plus largement peut-être, qu'est ce que la masculinité ?
Ainsi, ce qui ne paraît être de prime abord qu'une anecdote salace s'avère au final une profonde interrogation existentielle.
Une superbe conclusion à la trilogie, qui place Haugerud parmi les grands.
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