Après celles de Claude Autant-Lara et du duo Alexandre de La Patellière/Matthieu Delaporte, c'est une nouvelle adaptation du roman d'Alexandre Dumas - que je ne n'ai toujours pas lu - que je vois.
Kevin Reynolds est un réalisateur chevronné et compétent pour les films d'aventure et/ou d'époque, comme il l'a alors, déjà démontré avec son Robin des Bois - Prince des voleurs ou encore Waterworld. Ici cela démarre vraiment pas mal. Grâce à son savoir-faire, le cinéaste nous plonge dès le départ dans l'atmosphère et l'époque du film. Il parvient à imposer un rythme soutenu et à générer de l'empathie pour les personnages.
À la différence des autres adaptations, celle-ci fait à peine plus de deux heures. C'est là que les premiers problèmes arrivent. Autant, le début est bien posé et décomposé, mais la dernière partie du film fait bâclée et accélérée.
Les vengeances vont s'empiler comme des perles à vitesse grand V, et un parti-pris surprenant est opté pour le final en " Happy End " hollywoodien, ce qui dénature l'histoire originale et ses dilemmes. Albert renie son père sans trop de difficulté ; il ne va pas porter le deuil très longtemps. Ce père, incarné par Guy Pearce, avait toujours été méchant de toute façon. Pour arranger tout le monde, ce n'était pas lui son père biologique, mais Edmond. Ce dernier va enfin pouvoir récupérer sa femme et son fils. Tout est bien qui finit bien. Twilight avant l'heure. On sent bien la patte des studios Disney.
Ceci est d'autant plus dommage que le casting est excellent et irréprochable, Jim Caviezel en tête. Ce dernier délivre une belle composition qui fait bien ressortir l'évolution et l'ambivalence de son personnage, de l'innocence à la détermination. C'est peut-être le plus à l'aise dans le personnage que j'ai vu jusqu'ici. À ses coté, Richard Harris ou encore Luis Guzman sont parfaits dans les rôles de ceux qui tentent de l'aiguiller au mieux dans son sentiment d'injustice. Les retrouvailles entre Edmond et Mercedes sont très belles et bien plus complexes que le final qui nous est servi.
À la vision de cette version, on se demande dans la première partie du film pourquoi il bénéficie de cette réputation en demi-teinte, tant les savoirs-faire de chacun semblent présents. Le dénouement précipité et dénaturé y est certainement pour beaucoup. C'est dommage car cela partait bien.