La Venue de l’avenir est un film qui a du cœur. Fidèle à la marque de Cédric Klapisch, il met en scène des personnages ordinaires. Ils sont incarnés par des acteurs qui ne sont pas des canons de beauté — ce qui donne à l’ensemble une belle authenticité.
L’histoire est originale et profondément humaine : à la suite d’un héritage, quatre personnes se lancent dans la recherche de leur histoire familiale. Le film tisse des allers-retours entre notre époque contemporaine et celle d’Adèle (1895), une aïeule dont ils ignoraient tout. Ces transitions sont souvent inventives et nous prennent parfois par surprise, comme ce plan où l’on suit Adèle montant un escalier des quais de Seine avant qu’un joggeur surgisse en sens inverse, nous ramenant d’un coup dans le présent.
Cette alternance des époques fait sentir les différences de culture : rythme, rapport au corps, à l’image, aux vêtements… L’histoire reste « douce », même lorsqu’elle prend une dimension dramatique avec la découverte qu’Adèle fait de ses origines. L’humour n’est jamais loin, notamment dans la séquence de l’ayahuasca, traitée avec légèreté, qui sert surtout à mettre les personnages en dialogue avec des figures du XIXᵉ siècle.
Visuellement, le film séduit : les couleurs saturées du XIXᵉ siècle contrastent avec les documents en noir et blanc auxquels nous sommes habitués. Cet hommage de Klapisch au Paris du XIXᵉ, mêlant histoire intime et grande Histoire, m’a touchée par sa simplicité.
Le film n’est pas exempt de défauts — personnages parfois trop esquissés, arcs narratifs discutables —, mais ces limites ne m’ont pas troublée. J’ai été captivée à un autre niveau, au point d’accueillir ses fragilités comme faisant partie de son charme.