Comment raconter la vie d'une femme japonaise en 93 minutes, de la victoire de Port-Arthur (1905) à la fin de la seconde guerre mondiale ? C'est à quoi s’attelle Yasuzô Masumura, dans un film parmi les moins caractéristiques de sa carrière, issu d'une pièce de théâtre et d'un scénario auquel il n'a pas participé. Le récit, s'il s'attache au destin d'une orpheline rejetée, devenue cheffe de famille et surtout femme d'industrie, profitant des ressources de la colonisation de la Chine, est ponctué d'événements historiques successifs, au sein d'un pays belliciste qui court tout droit au désastre. Il s'agit du survol d'une époque, fluide malgré les ellipses, qui aurait mérité une bonne heure de plus pour explorer davantage les états d'âme de son héroïne, mais cela reste d'une facture impeccable avec une interprétation remarquable de Machiko Kyô.