Je ne suis pas un fan de la première heure du détective british et j’ai jusqu’ici évité la partie comédie romantique de l’œuvre de Billy Wilder —j’aime beaucoup par contre ses propositions plus noires—, du coup, je ne suis certainement pas le plus avisé pour situer La vie privée de Sherlock Holmes.
Toujours est-il que je me suis passablement ennuyé, et c’est rien de le dire. Il faut déjà se farcir une grosse demi-heure d’exploration de la vie sentimentale de l’ami Holmes. Après une petite farce grivoise jouant sur l’ambigüité de son orientation sexuelle, et de longues joutes verbales impliquant son coquin collègue, l’intrigue se dessine enfin, l’espoir de se faire alors servir l’enquête croustillante qu’on est venu chercher renaît…
… Pour se dissiper tristement dans le même temps. Le mystère au cœur de La vie privée de Sherlock Holmes est décevant dans le sens où il prend uniquement forme dans le burlesque de situation. Cela fonctionne quand on se demande quel engin vient relever le courrier, mais fait soupirer quand le nanisme se met à nourrir une composante comique qui vire à la ritournelle fadasse. J’aurais préféré un traitement plus sérieux de l’affaire, à force d’en faire un clown intelligent, on finit par oublier que Holmes est censé être un cerveau brillant, qui a toujours un temps d’avance sur nous, pauvre spectateur doté bien plus modestement en matières grises. Alors, voir le bougre se laisser dépasser par les évènements au point qu’on est à même de dénouer le sac de nœuds en même temps que lui —les plus attentifs auront certainement toutes les cartes en main bien avant— c’est d’une tristesse …
Wilder oblige, tout n’est pas noir, bien au contraire. Si le script est poussif et malmené par une tonalité qui n’est jamais clairement posée, Robert Stephens et Colin Blakely, bien dirigés, composent un duo Holmes/Watson amusant et l’ensemble du film jouit d’ambiances agréables, dessinées par une photographie joueuse qui se met au service d’une mise en scène efficace. Le dépaysement est de la partie, le dernier acte notamment est visuellement solide.
De quoi se laisser anesthésier sans broncher et finir la projection. Mais guère plus, malheureusement.