Ou bien ce film plutôt moyen pour un Verneuil (1920-2002) m'était sorti de la tête, ou bien je ne l'avais encore jamais vu parmi les trente-quatre longs-métrages qu'a réalisés Henri Verneuil, (Achod Manakian de son vrai nom) entre 1951 et 1992...

Celui-ci est son vingt-troisième et dans la foulée de week-end à Zuydcoote, mieux réussi et qui fit un bien meilleur score au Box-Office...

Regard dans le rétro : Dans un village roumain de 1939, ils vécurent heureux et eurent deux enfants...

Trop heureux peut-être et jalousés par un flic ripoux qui convoitait les faveurs de la jolie Suzanna. ?..

Et pour arriver à ses fins (pensait-il) il fait une fausse déclaration dénonçant Johann, le mari de la belle d'être juif, à l'époque où les roumains on décidé leur chasse. Le mari éliminé, il contraint Suzanna de divorcer sous peine qu'elle perde sa ferme...

Elle va être violée et tomber enceinte d'un soldat soviétique...

Henri Verneuil a toujours brocardé les chefs politiques et aimé se consacrer à des films de guerre, dans lesquels il excelle parfois : rappelons qu'il est lui-même un authentique rescapé du génocide arménien, et a grandi à Marseille avant d'effectuer des études d'ingénieur et de se lancer ensuite un peu dans le journalisme, puis réaliser des courts métrages avant de se consacrer au cinéma...

Ma vision de ce film avait pourtant bien commencé, avec un générique énigmatique flanqué d'un gros plan de sinistre augure : des fils de fer barbelés annonciateurs de l'univers carcéral...

Verneuil à ce talent photographique de surprendre, intriguer dès l'entrée d'un récit... La musique d'accompagnement devient pourtant guillerette, et on entendra même de curieux instruments de musique... Comme ce concert de clochettes aussi surprenant qu'agréable, soit obtenu avec un carillon spécifique transformé par une boite de distorsion (comme parfois pour les guitares électriques), soit émanant d' un synthétiseur ? En tout cas le résultat est superbe et ce qu'il y a de meilleur dans cette aventure : la musique de Georges Delerue et Maurice Jarre fait mouche et vient dorloter agréablement le scénario ...

Autre engin, sonore une espèce de grosse guitare basse actionnée par une manivelle et qui produit deux sons distincts pour rythmer la cadence musicale...

Le film franco-italo-yougoslave, écrit par Virgil Gheorghiu et paru en 1949 démarre trop lentement avec ces interminables danses folkloriques et l'aventure ne démarre vraiment que lorsqu'on vient arrêter (à sa grande surprise Johann) parce qu'il serait juif ! Ensuite, on suit sa vie de prisonnier, les efforts de sa femme pour le faire libérer.... et ces dix ans d'incertitudes dans la captivité parfois laborieuses pour le spectateur... Sans suspense comme on aurait pu s(y attendre...

Palabres, dialogues s'éternisent et éteignent peu à peu l'empathie qu'on a pour la victime qui apprend le divorce demandé par la femme qu'il chérissait...

D'autant que Anthony Quinn dont la personnalité d'acteur est forte, peine à nous convaincre que Johann n'est qu'un simple fermier... L'accent de sa doublure française ratée est parfois difficile à comprendre ce d'autant que la prise de son de ce film n'est pas non plus son point fort... Émission parfois nasillarde, ou ouatée, ou encore parasitée par des bruits de moteur... On rêve à une restauration de ce côté...

Verneuil était-il fatigué après son très très long week-end à Zuydcoote...

Le casting est moyen : Serge Reggiani n'a qu'un rôle effacé et son personnage étrange et évanescent peine à convaincre... La seule véritable réussite dans cette troupe de comédiens sera une Virna Lisi éblouissante en femme fidèle et vengeresse, mais qui souffre de textes bien en deçà de son talent..

Dommage aussi que Verneuil qui excelle dans l'humour (La vache et le prisonnier) n'en démontre pas plus non plus en opposition de phase avec le côté tragique de la composition...

Bien sûr, on n'est exigeant qu'avec ceux qu'on aime : ne boudons pas notre plaisir de voir cette dramatique qui a été partagée à la sortie de ce film par 1 606 984 spectateurs,le classant 23° sur 35 films... Cette année-là était la septième à voir décliner la fréquentation inexorable des salles...

L'histoire n'est qu'un éternel recommencement : l'antisémitisme serait-il en train de renaître en 2024 ?

.

Arte les 13 et 17.05.2024-30.05.2024-

270345
7
Écrit par

Créée

le 23 mai 2024

Critique lue 8 fois

1 j'aime

270345

Écrit par

Critique lue 8 fois

1

D'autres avis sur La Vingt-Cinquième Heure

La Vingt-Cinquième Heure
YgorParizel
8

Critique de La Vingt-Cinquième Heure par Ygor Parizel

En y réfléchissant bien, il n'est pas étonnant de retrouver Henri Verneuil à la réalisation car cette histoire à du le toucher en particulier. Ce film raconte le parcours d'un pauvre fermier roumain...

le 15 mai 2019

5 j'aime

3

La Vingt-Cinquième Heure
Frédéric_Bigio
5

Lisez le livre épargnez-vous le film!

Le film est long, donne l'impression de péripéties sans trop d'importance, les personnages et l'histoire sont simplifiés à l'extrême à en devenir peu crédible alors que le livre est captivant et rend...

le 12 mars 2019

5 j'aime

7

La Vingt-Cinquième Heure
Boubakar
7

Zelig roumain

A cause de la jalouse d'un officier de police qui convoitait son épouse, un paysan roumain va être considéré, à tort, comme un Juif, ce qui a son importance en 1939, où il va être déporté.Il va non...

le 18 août 2022

4 j'aime

Du même critique

Gorge Profonde - Quand le porno est sorti du ghetto
270345
2

Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après)

Tu te laves toi après avoir fait l'amour ? Ben oui, pourquoi ? (suite ci-après Ben parce que tu devrais baiser plus souvent !Ce film commente deux choses : la sortie du film "Gorge Profonde" en...

le 19 août 2022

8 j'aime

13

La Baule-les-Pins
270345
3

La Baule ? Sans le punching !

La Baule ? Sans le punching !La réalisatrice et aussi co-scénariste (ça fait déjà beaucoup !) avait très mal vécu jadis le divorce de ses parents quand elle avait douze ans... De là à faire de...

le 20 janv. 2021

8 j'aime

13

Nell
270345
8

La femme, même sauvageonne, sera toujour un sujet sur lequel j'aime m'étendre...

Malgré toutes mes recherches, je n'ai pas réussi à savoir pourquoi ce si beau film avait été affublé d'un titre aussi neuneu ! C'est même la seule chose ratée dans cette oeuvre ! Certes, l'histoire...

le 21 déc. 2019

8 j'aime