Le documentaire est pernicieux dans sa façon de présenter les faits et d’en tirer des conclusions douteuses. Il laisse le spectateur sur une impression de division plutôt que de réflexion. Comme souvent, les gens n’ont vu dans ce film qu’un sujet sur la couleur de peau. C’est épuisant. Avant de voir la personne, on voit les couleurs — et cette lecture purement raciale du documentaire nous fait passer à côté de l’essentiel : l'individu.
Pour cause, les statistiques affichées à la fin du documentaire sont malhonnêtes et malveillantes. Elles ne cherchent pas à éclairer ou à faire réfléchir, mais à attiser les tensions. On a l’impression qu’elles ont été choisies exprès pour que chaque camp y trouve une raison de camper sur ses positions. Ces statistiques effacent l'individu pour la fondre dans une guerre de clan raciale même si on essaie de nous orienter vers la même réflexion...
Dire que les personnes noires sont moins souvent inculpées que les personnes blanches dans les affaires liées à la loi « Stand Your Ground », on essaie de nous dire quoi au juste ?
a) Qu’on veut démontrer que la justice est raciste ?
b) Sous-entendre que les Noirs tuent des Blancs en toute impunité sous couvert de cette loi ?
Même si beaucoup diront a), je trouve que la statistique est flou, ambigu et irresponsable.
Même chose pour la statistique sur l’augmentation des homicides depuis l’adoption de cette loi. Qu’est-ce que ça veut dire ?
a) Que la loi est, en fait, nécessaire pour cause les gens se défendent plus ?
b) Qu’elle donne en réalité un permis de tuer gratuit ?
Même si beaucoup diront b), je trouve que la statistique est, encore une fois, flou, ambigu et irresponsable.
Il y en a aussi sur les positions pro ou anti-policiers — beaucoup affirment que si les forces de l’ordre ont fait preuve d’indulgence, c’est uniquement parce que la tireuse était blanche.
Bref, le débat est sans fin et ce film l'attise.
D'ailleurs, où peut-on trouver les statistiques montrant qu’une personne issue d’une minorité tue majoritairement des individus de la même communauté ? Et celles sur la baisse (ou non) des conflits, l’évolution du nombre de meurtres, ou encore sur la hausse de la méfiance entre voisins depuis cette loi ? Personnellement, savoir que l’un de mes voisins possède une arme créerait inévitablement un biais social.
Ces statistiques restent introuvables, alors que celles comparant les crimes selon la différence de couleur de peau sont, elles, toujours les premières à être publiées et il y en a foison.
Quant au port d’arme, pour moi, toute personne qui choisit d’en posséder une devrait partir avec un « malus » devant la loi. Tu veux une arme ? D’accord, mais tu assumes toutes les conséquences. Beaucoup s’en servent comme des gamins (comme cette femme), par peur ou impulsion — « j’ai eu peur, alors j’ai tiré ». Non. Comme le dit un des policiers dans le film : "quand on a une arme, on doit se poser des questions." Une arme, c’est à la fois un permis de tuer et un permis de ne pas tuer — et seul un policier devrait en avoir la légitimité.
Au fond, ce documentaire ne fait qu’élargir le fossé : il pousse chacun à se retrancher derrière sa couleur, son camp, son interprétation. Et c’est bien là le problème.