Sa Majesté des mouches

Critique sociale magistralement mise en scène par un jeune réalisateur mexicain prometteur, La Zona est une merveille du cinéma hispanique, une petite claque dans la gueule, celles-là prises avec un certain élan et une justesse millimétrée. Une mésaventure bouleversante où trois jeunes adolescents cambriolent une maison située dans un quartier résidentiel isolé du reste de la ville et où, après un concours de circonstances, l'un d'eux se retrouve pris au piège dans cette cité contrôlée d'une main de fer par des habitants solitaires, solidaires et revanchards.

À travers cette histoire de survival étouffant, Rodrigo Plá délivre un message terrifiant, aux thématiques presque intemporelles, dévoilant sans vergogne la triste réalité du monde mexicain (ou du monde tout court) où ces cités résidentielles échappées d'un roman dystopique perdurent dans le pays actuel, où les riches ont raison des plus démunis, où l'argent achète strictement tout, en particulier une police gangrénée par une corruption quasi-naturelle. Un message révoltant dont la précision d'écriture et la proximité de la mise en scène en font un long-métrage poignant et atypique.

Interprétation sans faille (mention spéciale à Maribel Verdú, vue récemment dans Le Labyrinthe de Pan), rythme soutenu (qui aurait pu être un poil plus frénétique), scénario original, photographie glauque : le film est un quasi-sans-fautes... Pas de scènes-choc à proprement parler mais des séquences d'une froideur sans pareille, dévoilant peu à peu la nature humaine et le pouvoir de ces habitants décidément invincibles, autocentrés et naturellement voués au déchirement. Une petite perle du cinéma hispanique, qui n'hésite décidément pas à nous glacer le sang par tous les moyens.