Sarah est une adolescente passionnée de littérature fantastique qui ne trouve pas sa place dans sa famille, entre son père remarié, sa belle-mère et un demi-frère de deux ans, braillard. Chargée de le surveiller lors d’une sortie des parents, elle se prend à espérer qu’il soit emporté par les kobolds, un type de gobelins, créatures naines et monstrueuses de son livre de chevet. Elle l’espère si fort, qu’elle le dit à haute voix et contre toute attente son désir se réalise. Soudain désespérée, elle comprend qu’il va lui falloir s’immerger dans ce monde fantastique, traverser le labyrinthe qui encercle le château du roi des kobolds pour espérer récupérer son petit frère avant qu’il ne soit lui-même transformé en créature difforme.
Outre les présences de David Bowie, costume et maquillage un peu trop kitsch, top manque de goût des eighties, rôle sans relief, mais quelques chansons où le personnage prend l’épais corps de sa voix profonde, et de Jennifer Connelly, quinze ou seize ans au compteur, visage encore poupon et rond, dirigée sans imagination par un marionnettiste, Labyrinth vaut surtout pour ses décors, impressionnant travail, et ses costumes, ainsi que pour les nombreux monstres et créatures à poil ou glabres, et leur animation signée Jim Henson et Frank Oz,
un monde foisonnant d’imagination débridée,
comme le puit aux mains ou les murs aux visages humains.
Malheureusement, le scénario est faible,
traine en longueur des séquences sans intérêt pour l’histoire, laisse errer seule la pauvre Jennifer Connelly en la forçant à parler à voix haute, monologues irréels, revient par moment sur le roi Bowie pour ne rien dire de plus ni de neuf, pour tenter d’insister sur le suspense sans grand effet, et ne joue pas finalement pas suffisamment de suspense justement, ne dépasse ni n’accentue le danger, les enjeux.
À mi-chemin entre Alice au Pays des Merveilles et Le Magicien d’Oz, Labyrinth n’a ni la puissance fabuleuse de l’un, ni la magie initiatique de l’autre. Entre-deux mou, ce film ne répond aux attentes d’aucun de ses publics : pas de réflexion poussée ni de message pour les adultes, pas d’humour débridé ni de bienveillance magique et enchanteresse pour les enfants. L’univers est splendide mais désespérément vide, et
seul deux ou trois numéros chantés
retiennent finalement l’attention.
Un objet de curiosité, pour les créatures imaginaires, pour l’univers, et surtout pour les deux comédiens. Mais l’absence d’emportements et d’émotions profondes n’en fait malheureusement pas un grand film.