Principalement connue en tant qu'actrice, Greta Gerwig a aussi depuis un moment fait ses armes en tant que co-scénariste de films plus ou moins connus notamment comme pour le très bon Frances Ha. Après être passée par la case co-réalisation en 2008 dans un petit film expérimental, la voilà qui saute le pas dans son premier vrai film solo en tant que scénariste et réalisatrice. Un essai qui fait d'ailleurs parler de lui car son Lady Bird se voit très bien accueilli par la critique et le public au point d'avoir hérité de pas mal de prix et de nominations comme les Golden Globes et les Oscars. De quoi intriguer de voir ce que la jeune réalisatrice nous réserve, elle qui a déjà su développer un univers singulier et attachant autour de sa personne.
Pour peu que l'on connaisse un tant soit peu Greta Gerwig, alors Lady Bird nous apparaîtra comme une évidence tellement il est le prolongement de ce qu'elle est. Si vous aimez sa personnalité alors vous tomberez sous le charme de son film sinon vous le rejetterez en bloc. Son histoire est le parfait petit cliché du film indé un brin atypique très ancré dans les racines de ce qui définit son auteure. Le récit, à la fois initiatique et autobiographique, se fait en lettre d'amour à la ville natale de Gerwig, aux relations mère-fille et au besoin de se découvrir même si au final on se connait déjà. C'est indéniablement mignon, surtout que Gerwig maîtrise de toute évidence un sens assez raffiné de l'humour ce qui rend son écriture souvent piquante et par moments vraiment drôle. Il y a une sincérité qui touche malgré un aspect ego-trip peut-être un peu trop prononcé mais qui parvient à ne jamais perdre de vue un propos plus universel. Malgré ça, Lady Bird reste un film qui marche sur le terrain balisé du premier film indé et jamais il ne dévira de sa course pour surprendre son spectateur. Plus que ça, il s'amoindrit dans son dernier acte en dessinant un parcours qui s'avère caduc, l'initiation de Lady Bird s'apparentant plus à un retour en arrière qu'à une véritable avancée personnelle. Même si le propos de se forger par l'échec ou encore de s'éloigner de soi-même pour se retrouver reste pertinent, il n'est pas suffisamment fort pour justifier à lui seul un film.
Greta Gerwig peut cependant compter sur un très bon casting pour faire vivre son histoire. Chaque acteurs livrent des prestations sans fausse note et Saoirse Ronan se livre dans un de ses meilleurs rôles. Elle offre une performance solaire et pleine de convictions qu'elle tient avec une justesse parfois insolente. Elle s'efface totalement derrière son personnage et arrive à rendre son parcours non seulement attachant mais foncièrement unique. Elle est pour beaucoup dans la réussite finale qu'est ce Lady Bird. Car si elle, elle brille, on ne peut pas en dire autant pour la réalisatrice. Même si sa réalisation se montre aboutie, elle porte l'écrin standard du film indé US et n'est jamais relevé par une mise en scène qui témoigne d'une certaine platitude. On aurait aimé voir une Greta Gerwig plus fantasque dans l'univers visuel qu'elle dépeint, et hormis un travail sur la photographie assez raffiné il n'y a sur ce point pas grand chose à se mettre sous la dent. Le film se repose beaucoup sur son casting et son écriture mais Gerwig n'impressionne guère derrière une caméra et se contente d'accompagner machinalement son récit. C'est presque à se demander pourquoi la nommer dans la catégorie meilleur réalisateur des Oscars tellement son travail apparaît ici assez quelconque.
Lady Bird est un joli "petit film". Il fait généralement du bien par où il passe grâce à la fraîcheur de son écriture, notamment au niveau de l'humour, et l'énergie de son casting. En particulier une Saoirse Ronan habitée par son rôle qui tient intégralement le film sur ses épaules et lui offre ses plus belles fulgurances. Dommage que Greta Gerwig n'arrive pas à s'imposer de la sorte avec sa réalisation classique et sa mise en scène purement fonctionnelle. Lady Bird n'en reste pas moins une réussite car il arrive à dépasser le pur exercice autobiographique pour toucher à des thèmes universels et ne s'enferme jamais dans son ego-trip. C'est tendre, agréable mais au final assez vain dans ce qu'il aborde.