Un film de Terry Gilliam n'est jamais si fou qu'il ne le parait, jamais si décalé qu'on ne pourrait le croire, chaque chose, aussi délirante soit elle est réfléchie et elle même sujet à réflexion, dès lors comment ne pas voir en Fear and Loathing in Vegas un condensé d'Amérique, en perte de repère, s'accrochant aux vices pour cacher ses réalités non moins infâmes. Outrancier et provocateur, Las Vegas parano illustre bien le malaise des USA, le rapport entre les communautés, entre les classes sociales aussi, mais avec un tel détachement que la leçon en devient absolument hilarante. Il serait faux de dire que Las Vegas Parano est seulement une leçon sociologique ou une réflexion sur le problème américain, car il faut y voir avant tout un défouloir comique jouissif, même si bien entendu on peut lui concéder un recul prodigieux sur une culture, sur son pays. Cynique et acide, le film crache sur tout, les riches, les pauvres, les gays, les étrangers, tant et si bien que plus personne ne peut accuser Gilliam de quoi que ce soit puisque tout le monde y passe. Le duo Del Toro & Depp est absolument génial, ils sont la clé de voute du film qui repose sur leurs débordements toujours plus spectaculaires de déchéance humaine et de déviances en tout genre.


Récit satirique d'une société amorale et égoïste, Las Vegas Parano utilise la drogue comme moyen de transcrire un malaise social encrée profondément et semble t-il inéluctable, ainsi la peur, élément dominant du film est montrée de façon hallucinatoire sans pour autant la détrônée de sa dimension essentielle en tant que moteur et motif de tout les actes et les dires invraisemblables et absurdes des personnages. Ne se délaissant jamais de son côté frais et novateur, Las Vegas Parano allie la magie des lumières et des couleurs de la ville, aussi repère de toutes les folies du pays, à la science de Gilliam, qui profite du lieu pour quelques acrobaties cinématographique ahurissantes. Préférant le drolatique au constat amère, Gilliam réduit en cendre toute convention pour asseoir une idée de cinéma originale qui concourt à faire de cette comédie pimentée et barrée un chef d'œuvre de seconde lecture sur la vie et sur un drôle de putain de pays.
Heisenberg
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le 19 juil. 2011

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