Les + :
- Melvil Poupeau est formidable, c'est sans doute le meilleur rôle de sa vie, alors qu'avant je le voyais comme le petit trentenaire grisâtre du cinéma français indépendant (une sorte de Julien Boisselier esthétique).

- Suzanne Clément, mon dieu, mais quelle femme, quelle femme. Même crêpée, même en épaulettes, même maquillée comme une voiture violée, même mauvaise à la fracasser contre un mur, même bète à manger du foin.

- Esthétique époustouflante des années 80/90 dans ce qu'elles ont eut de plus kitch, de plus baroque, et de plus mauvais goût. On a peine à croire que nos parents aient pu se vêtir ainsi, et pourtant, OUI.

- Sens de la mise en scène très personnel mais souvent judicieux (la scène de l'avortement, la scène de la cascade dans le salon, la scène où Laurence se tient pour la première fois devant ses étudiants habillé en femme).

Les -
- Que c'est long, bon dieu, que c'est long. Cette histoire aurait pu être bouclée avec une heure de pellicule en moins sans perdre son propos.

- D'ailleurs, quel est le propos ? Peut être que je m'attendais à d'avantage de militantisme transgenre, d'avantage de passion, au lieu de la quête identitaire et sexuelle d'un man-to-female qui, finalement, n'aura fait preuve dans toute sa vie que d'immaturité et d'égoïsme.

- Un amer constat d'échec amoureux, qui aurait pu être traité de manière beaucoup moins lourdingue. Ce couple, pourtant solaire, tourne en boucle. Jamais Laurence et Fred ne se remettent une seule fois en question, malgré les difficultés et malgré les bonheurs, 20 ans après ils ressassent toujours les mêmes choses.

- La musique est beaucoup trop pregnante, et, selon moi, souvent mal choisie, au mauvais moment : on n'a pas besoin de la faire hurler dans les hauts parleur, si ce n'est que pour dénoncer un manque de force dans les images. Par exemple, c'est un avis personnel, mais Let's Go out tonight, qui clôture le film, n’aurait pas du être placé sur la scène où le couple fait connaissance. Peut être qu'elle est trop associée dans ma tête à la scène de la pluie dans Six Feet Under pour trouver son sens dans ce film.

- Un abus crucial de ralentis pénibles pour apparemment, illustrer une certaine extase amoureuse. Mouais.

Et enfin, pour résumer, je trouve qu'à l'instar des amours imaginaires, Dolan ne parvient jamais à inviter le spectateur dans son film, malgré quelques ficelles émotionnelles très, très grosses. Il commet des films masturbatoires et égocentrés. C'est dommage, car grand est son talent.

On n'en ressort pas avec l'impression d'avoir perdu son temps, mais avec l'impression d'avoir été trompé sur la marchandise.

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le 23 juil. 2012

Modifiée

le 23 juil. 2012

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LioDeBerjeucue

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