Futurs parents, passez votre chemin ! C’est difficile de dire de quoi ça parle, l’Aventura, et même temps c’est limpide. C’est la chronique d’une famille en vacances, maman, beau papa, fille et demi-frère, alors qu’ils entreprennent de faire le tour de la Sardaigne. Le tout raconté de manière hyper fragmentée et chaotique, par le biais de débrief réguliers sur les derniers jours que la grande sœur enregistre, ou plutôt tente d’enregistrer malgré le chaos ambiant. Parce que l’aventure, la vraie, c’est de réussir malgré tout à passer des vacances reposantes… J’ai beau n’avoir vu qu’un seul Letourneur (Énorme), il est évident que cette femme est obsédée par la charge mentale, et que si elle a une fibre féministe forte, c’est sûrement la plus matérialiste d’entre toutes. Parce que la charge mentale dans ce film, c’est quelque chose ! Letourneur retranscrit de la manière la plus réaliste que j’ai pu voir ce que peuvent être des vacances en famille, en particulier avec une ado et un garçon en bas âge. C’est toujours le bordel : le gamin fait tout le temps des conneries, accapare l’attention (j’ai rarement trouvé un enfant aussi insupportable à l’écran), et donc l’ado râle parce qu’on ne s’occupe jamais d’elle, et donc conflit, mais jamais de vraie engueulade, plutôt un brouhaha constant.
Si le scénario à proprement parler n’a pas de fil conducteur (ils sont en vacances, quoi), la relation entre les personnages est extrêmement forte, et se débat dans ce chaos ambiant. Le gamin accapare toute l’attention, et ses parents lui laisse tout passer (ça se voit que je le déteste ?), le père alterne grande lucidité et actes incompréhensibles (Phillipe Katerine, quoi) et la mère, sur-sollicité par son petit, peine à s’occuper vraiment de son aîné, qui reste la jeune ado la plus réaliste que j’ai vu depuis longtemps au cinéma. Le tout dans une grammaire visuelle et narrative pas du tout réaliste, pour le coup, avec des plans très découpés qui isolent chaque personnage dans leur cadre, posant une étrangeté typiquement « Letourneur », teinté d’absurde. Le film brille d’ailleurs par sa capacité à trouver de l’absurde dans le réel, puisque si les dialogues sonnent aussi vrai, c’est parce qu’ils sont inspirés de vraies conversations enregistrées pendant les vraies vacances de Sophie avec sa vraie famille. Truc de ouf.
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