À la fin des années 2000, apparaît à Hollywood une vaine tentative de capitaliser sur les succès des années 1980. Il s’ensuit une vague de remake sans précédent, reprenant les classiques du genre, souvent en raté, qui s’abat principalement sur le cinéma d’Horreur. Une mode qui manque d’audaces, de créativité, ou tout simplement d’intérêt et qui n’existe que pour exploiter. Même si parfois, une œuvre parvient à sortir un peu la tête du lot, comme ce n’est pas le cas ici.


C’est dans ce contexte qu’est réalisé en 2008 le remake de « Prom Night », petit classique du Slasher made in 80’s. Le moins qu’il soit possible de dire, c’est que cette nouvelle version et bien c’est bien de la merde. En 1980, « Prom Night » surfait déjà sur la vague ouverte par « Halloween », et sans s’avérer exceptionnel, il avait le mérite de constituer l’un des premiers Slashers. Il proposait en plus des réflexions pas si inintéressantes sur le passage à l’âge adulte, la perte d’un être aimé et le deuil qui va avec. Le tout en passant bien sûr par l’allègre massacre de pauvres lycéens.


Dans ce refait de 2008, tout commence dès le début avec les crédits pré-générique, durant lesquels s’affichent les logos des compagnies de productions ayant participé au financement. L’une de ces boites s’appelle « Originaux Films »… lol. Ensuite débute l’histoire de Donna, une lycéenne victime de PTSD, qui après avoir découvert les cadavres de son père et de son petit frère, a vu sa mère se faire assassiner sous ses yeux. Le coupable était l’un de ses anciens professeurs, un peu trop in love d’elle, qui n’a pas accepté qu’elle le rejette.


Donna voit donc une psy pour réapprendre à vivre sereinement. Et il est vrai que seulement trois ans après cet événement choquant, elle s’en sort plutôt bien, en essayant de mener une vie normale et équilibrée. Puis, la veille du soir du bal de fin d’année, le tueur de ses cauchemars s’évade de prison. Lors de la fête dans un palace, les amis de Donna commencent à se faire trucider un à un, car même si le type veut tuer une seule personne, au final il dégomme tout le casting, sauf celle qu’il veut.


C’est ici du Slasher peu inspiré qui est proposé, riche d’aucune imagination, il se contente d’enchainer les clichés et conventions, sans génie, tout en espérant que ça fonctionne. Les artifices mis en place pour créer une tension, ainsi qu’une ambiance anxiogène, sont tous ratés. Tout est attendu et convenu dès le départ. Il est même aisé de deviner l’ordre dans lequel les personnages vont mourir, grâce à leur temps de présence à l’écran. Comme ce n’est jamais surprenant, l’ennui se crée au détriment de l’angoisse.


Pour exemple, la séquence où l’héroïne se trouve dans une chambre, et voit un truc bouger dans un miroir, elle sursaute, les violons s’excitent, et en fait bah c’était juste une lampe… Elle a eu peur… d’une lampe. À un moment le réalisateur s’est dit « ce serait bien de faire peur au public avec une lampe, lol ». Ce type d’artifice parcours le métrage, comme ces amis qui s’approchent toujours doucement, par derrière et qui posent une main sur l’épaule pour faire sursauter et s’exclamer : « Hé c’est moi, pas de panique ». Ces moments inutiles et chiants, le film en est bourré à ras bord.


Tout ça est donc des plus banal. Maintenant, il est temps d’aborder un formidable personnage, l’inspecteur Winn, celui qui mène l’enquête en parallèle de ce qu’il se passe dans l’hôtel. Donc, pour résumer, il y a un serial killer dans la nature, sa cible est parfaitement précise, et à aucun moment il ne pense à mettre Donna en sécurité. Préférant la laisser fêter son diplôme, dans un hôtel immense où le tueur peut se cacher dans tous les recoins à sa disposition, pour ne pas l’inquiéter. Le flic est en fait totalement à la masse donc, assisté, de plus, par des subordonnées en PLS, qui font tous preuve d’une extraordinaire incompétence.


L’attitude de Winn se situe sans cesse à côté de la plaque, comme lors de cette séquence où il arrive dans un hôtel et se met à poser agressivement des questions inquiétantes à un groom, qui n’a rien demandé. Il lui montre le portrait d’un type louche, lui ordonne d’en faire des photocopies, et de les distribuer au staff. Puis il lui demande où se trouvent toutes les issues de secours. Inquiet, le pauvre groom s’exclame (légitimement) « Dois-je me sentir inquiété ? », ce à quoi l’intrépide Winn, dramatiquement parlant lui lance un sobre « non »… Ben si, justement, y’a sans doute un serial killer dans l’hôtel, il faut prévenir tout le monde…


« There is a killer on the loose !! ».


Ce policier se montre d’une incompétence plus terrifiante encore que le tueur en liberté. Mais le mieux, c’est qu’il est « joué » par un Idris Elba dont le jeu est… Inexistant. D’ailleurs, il ne joue pas, il imite. Il est dans l’imitation d’un policier de télévision, tel que peut l’imiter le badaud lors d’une soirée légèrement arrosée. Il l’imite avec tous les clichés inhérents à l’imitation d’un flic (excepté en France, où l’ajout d’un accent du Sud alimente une convention qui sent bon la garrigue et le jasmin.).


Son incompétence va jusqu’à ignorer complètement la situation. Lorsque les renforts arrivent, il leur lance un “We've got three Dead bodies, a man and two kids”. À ce moment il oublie de mentionner la femme de chambre latino, celle qu’il a découverte LUI-MÊME, gisant dans une baignoire de l’hôtel. Les scénaristes de ce film semblent d’un professionnalisme à toute épreuve.


Pour terminer sur cette petite purge qu’est-ce « Prom Night » de 2008, il faut s’attarder sur le rôle des femmes dans le récit. Elles sont victimes, sans cesse, même l’archétype de la “femme forte” se fait dézinguer. Il y a un sous-texte nauséabond dans ce film, qui transpire le patriarcat de tous ses pores. Les femmes se révèlent inutiles sans la présence des hommes, qui les sauvent et se sacrifient pour elles. Elles sont trop bécasses et incapables de se défendre seule. Le meilleur reste quand même lorsque l’inspecteur Winn secourt Donna, la prend dans ses bras, tel un petit animal blessé, et l’appelle “sweatheart”. L’homme sauve la femme, la société est sauve.


Film post-11 septembre oblige, les valeurs et les traditions les plus importantes de l’Amérique pétrissent « Prom Night », le socle de la société qu’est la famille en tête, et le rôle de chacun dans cette dernière. Œuvre réac’ et arriérée, elle se sert d’une violence hypocrite pour justifier une vision sociétale très conservatrice. Ici, les femmes ne parviennent pas à l’émancipation, elles ont besoin d’hommes forts et courageux pour les protéger. Les PROTÉGER.


Il en résulte une production plutôt dérangeante, qui reflète parfaitement la division de plus en plus marquée aux États-Unis entre Liberals et Conservativs. De plus, c’est un très mauvais Slasher, qui semble vraiment réalisé par des personnes qui durant la préproduction ont dû se dire : « Tiens, si l’on fait comme dans celui-là, et comme dans celui-là ? ». Reste une sorte de copie de Slasher, avec une absence de créativité et d’une quelconque ambition. Ça n’a aucun sens, très peu d’intérêt et à l’image de la musique utilisée lors du bal (de la soupe electro-pop, comme on en bouffe depuis quinze ans), tout y est insipide et sans âme. Donc finalement c’est peut-être juste un film qui reflète parfaitement son époque : fadasse… Meh !


-Stork._

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le 24 févr. 2020

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