« Le blé en herbe » déclencha une fois de plus le courroux des ligues de morale. Certes le sujet s’y prête et aujourd’hui la femme mûre dépucelant le petit benêt de seize ans and ferait sans doute encore plus hurler. Autant-Lara reste fidèle au ton du livre de Colette, laissant au placard son esprit caustique, tout en livrant un film d’une sagesse visuelle de patronage. Les scènes déclamantes, figées et sur jouées entre Edwige Feuillère et Pierre-Michel Beck, soutenus par une musique pachydermique de René Cloërec, enfoncent encore un peu plus ce pensum. Malgré le bon travail de Robert Lefebvre à la photographie et la justesse du montage, les rares moments d’émotions se cantonnent dans deux scènes avec Nicole Berger (prématurément disparue à 32 ans dans un accident de la route). Sur ce plan l’adaptation est donc ratée, et d’un point de vue purement cinématographique, le réalisateur a préféré la retenue et le classicisme à l’audace et la légèreté. Difficile, de nos jours, de s’y intéresser.