Dans une France bigote, un jeune garçon surgit nu d'une plage, à l'indice orange, devant les ricanements de petites filles et l'humeur outragée des nonnes. C'est aujourd'hui assez bon enfant, mais la distance chronologique n'en est que plus réduite quand on en vient au cœur du sujet.
Notre héros Phil ne supporte plus la latence du désir du fait des conventions sociales, épris de son amie et sœur de substitution Vinca, un désir pourtant mutuel mais contrarié par l'âge et l'idée qu'il se fait du monde. Le film va plus loin lorsque Phil succombe au désir d'une autre femme, plus mûre, Mme Dalleray, avec qui la différence d'âge pose d'emblée, dans notre inconscient, une dimension maternelle dans cette relation. Si on prend ces deux situations, on peut interpréter que les auteurs du film souhaitaient mettre en avant un double inceste symbolique comme étape dans l'entrée à l'âge adulte. Curieuse philosophie pour l'époque.
Pourtant, à y regarder de près, qu'est-ce que l'âge adulte ? Les caractéristiques des adultes dans le film nous les montrent soit bigot ; les nonnes ou le gendarme qui verbalise pour outrage à la pudeur, soit bien sourd face aux préoccupations de nos héros, hormis Mme Dalleray, dont notre jeune homme bénéficiera exclusivement de l'initiation.
En tout cas, ce film possède un certain lyrisme suranné et touchant. L'énergie de Nicole Berger et son visage rayonnant m'ont conquis. Pierre Michel Beck en Gérard Philipe, plus juvénile que l'original, n'est pas désagréable. Edwige Feuillère est élégante et la musique lyrique de René Cloërec apporte un ton doux-amer à l'ensemble.