Les années 20: Phil, seize ans, et Vinca, quinze, passent leurs vacances d'été en Bretagne. Ils sont à un âge où les corps se transforment, ou la libido travaille l'esprit mais n'osent guère flirter. Un jour, Phil doit apporter un télégramme à une estivante habitant la villa voisine, Mme Dalleray, une quadragénaire élégante et très belle qui trouble le jeune garçon...
Je n'ai guère vu les adaptations au cinéma des romans de Colette dont la cinéaste Jacqueline Audry se fera une spécialité à la même époque. Ici c'est le grand Claude Autant-Lara qui s'y colle avec beaucoup de délicatesse. Le cinéaste se permet, tel un peintre, quelques petites touches subversives d'apparences anodines mais qui provoqueront la censure du film et maille à partir avec quelque association et ligue de morale coincés.
En plus de livrer un travail de qualité, Autant-Lara sublime la Bretagne et les extérieurs sont magnifiques. Edwige Feuillère, au paroxysme de sa beauté est très belle, d'une classe absolue, un rêve éthéré qui entre dans la vie du jeune Phil joué par Pierre-Michel Beck qui ne tournera que trois films durant sa courte carrière. Il y a Nicole Berger, Renée Devillers et dans le rôle d'un projectionniste de cinéma ambulant, Louis de Funès, la caution comique du film.
Figé dans les années 20, le film sera attaqué par les Rastignac des "Cahiers du Cinéma", notamment un certain François Truffaut, dégommeur en chef de ce" Cinéma de Papa". Le côté un peu cheap ne dessert pas l'ensemble bien au contraire. Autant-Lara soigne les détails dans sa mise en scène qui par moments évoque "Les Vacances de Monsieur Hulot", surtout dans la séquence du cinéma en plein air. En exagérant à peine, on s'attendrait presque à voir débarquer Jacques Tati et son auto petaradante. Dans ses mémoires, le journaliste sportif Thierry Roland avouera avoir passé le casting pour incarner le héros principal. S'il avait été retenu, on se demande ce que cela aurait pu donner...