Critique de la version longue


Nous voilà donc au premier chef d'oeuvre d'un réalisateur en ascension, son quatrième film, son troisième western et son troisième et dernier opus de la mythique trilogie du dollar. Le western souvent cité comme meilleur western jamais réalisé avec Il était une fois dans l'Ouest. Une référence que ce soit dans le western ou dans le cinéma. Dans les 10 premiers dans les films préférés et le top 111 films sur Sens Critique. Ce grand classique mérite-il son éloge de film culte et de chef d'oeuvre absolu ? Je ne prendrai pas de risques en vous disant: oui voire même plus.


Par quoi commencer il y a tellement de choses à dire qui ont probablement été dites une bonne centaine de fois, difficile de faire une critique originale d'un film aussi culte. Nous allons commencer par l'histoire du tournage. Après le succès des deux précédents films Pour une poignée de Dollars et ...Et pour quelques dollars de plus, le réalisateur Sergio Leone voulait s'arrêter là pour les westerns, il n'avait pas prévu de refaire de suite. Mais tout le monde demandait une suite à ses deux westerns qui avaient conquis le public, il décida finalement donc de refaire une suite et d'en clore pour une trilogie. Il refusa plusieurs scénarios que le réalisateur jugeait idiots. Il finit par écrire le scénario lui même avec des collaborations. Le titre fut initialement "Les magnifiques bons à rien" mais quelqu'un dans le tournage avait proposé au réalisateur le titre de "Le Bon, la Brute et le Truand" et le réalisateur changea donc le titre. Leone reprit aussi des personnes avec qui il avait travaillé dans ses précédents films d'abord son compositeur Ennio Morricone avec qui il avait composé les musiques des deux précédents westerns, Clint Eastwood qui avait joué avec les deux précédents films et Lee Van Cleef qui avait joué avec lui dans le précédent film. Il prit aussi un acteur qui n'avait pas travaillé avec lui : Eli Wallach. Et comme ses prédécesseurs ce fut un succès que je pourrai dire d'amplement mérité.


Nous avons trois personnages Le bon(Clint Eastwood) nommé Blondin, la Brute(Lee Van Cleef) nommé Setenza ou Angel Eyes en V.O. et le truand(Eli Wallach) Tuco dont dans le titre original c'est "le moche". Ils possèdent tous les trois une scène d'introduction pour décrire leur personnalité caractérisée aussi avec un instrument différent mais jouant le même thème, l'ocarina pour la brute qui lui donne un air sournois et manipulateur, le cri hystérique pour décrire la personnalité hystérique et chaotique du truand et une flûte aigue pour Le bon pour représenter son esprit vif et malin. Et si vous avez lu mes critiques sur les autres films vous connaissez la chanson, Leone va encore plus loin dans l'aspect non-manichéen de ses personnages, cette fois ils sont à la recherche d'un trésor, ils sont près à tout pour y arriver quitte à se trahir, ils sont donc impitoyables entre eux.


Pour la réalisation Leone affine encore plus son perfectionnisme dans ce film, jamais un western avait des plans aussi détaillés et soignés avec des scènes d'action claires, des plans lents et contemplatifs. Cette fois si à la place de se dérouler uniquement dans des villes, Leone nous offre des grandes plaines désertiques avec des grandes scènes panoramiques dont beaucoup de lentes mais parfaitement construites. Une constitution du plan qui deviendra la marque de fabrique du réalisateur. Des plans serrés sur les gueules des personnages pour engendrer le lyrisme et la tension des scènes ou des grandes scènes panoramiques comme la scène où Blondin et Tuco sont sur le champ de bataille de la guerre de sécession une scène réalisée à la perfection, dont d'ailleurs les paroles de Blondin : "Tout ce gâchis d'hommes" était l'opinion du réalisateur sur cette guerre voire peut être même la guerre en général. Les deux précédents films paraissent être des brouillons comparés à celui ci il a pris encore une fois les éléments qui marchaient dans les deux premiers et les a perfectionné pour faire un grand film et un des westerns avec le plus d'ambitions.


Mais ce n'est pas tout, avant les dialogues dans ses films étaient bons voire même très bons à certains moments comme la fin de ...Et pour quelques dollars de plus les mots étaient rares mais clairs. Ici les dialogues sont très peu nombreux avec beaucoup de scènes lentes et silencieuses mais le peu de dialogues qu'on a dans ce film sont excellents dont certaines punchlines complètement incroyables comme par exemple, vers le milieu du film quand Tuco a à sa merci Blondin il lui dit



"There are 2 kinds of spurs my friend, those who come through the
door (sign of the cross) & those who come through the window!"



Et quand c'est Blondin qui a l'avantage sur Tuco à la fin il lui dit cette phrase devenue culte :



"You see, in this world there's two kinds of people, my friend: Those
with loaded guns and those who dig. You dig."



Nous avons aussi des scènes complètement improbables comme quand un des chasseurs de primes a enfin Tuco pour le tuer alors qu'il est dans son bain, celui ci fait son speech de méchant classique et au moment où l'on s'y attend le moins Tuco lui tire dessus pendant qu'il était en train de parler et lui dit : "If you shoot, you shoot, don't talk".


Dans une des scènes d'ailleurs nous avons une référence au nazisme, Leone étant complétement anti-fachiste car son père réalisateur ne pouvait plus faire de film à cause du règne du Duce Mussolini. C'est durant la scène où dans la prison de guerre où les soldats jouent du violon pendant que Tuco se fait torturer était une critique du nazisme de jouer de la musique pendant que les nazis torturaient les juifs, les tziganes et les homosexuels.


Pour la musique bah comme Sergio Leone, Ennio Morricone se perfectionne à la longue et nous offre une partition même meilleure que ses autres bandes originales même si certaines sont très ressemblantes aux pistes du dernier film que les films qui l'a fait avec Sergio Leone. La musique est même plus culte que le film lui même, tout le monde même ceux qui n'ont pas vu le film ont entendu cette composition:https://youtu.be/LdLQf1Ef9Ns. Ces cris de hyènes faisant rappeler la zone désertique du far west et sa dangerosité, la musique évoque aussi le côté épique et classieux des personnages dans le film. Les musiques accompagnent aussi le lyrisme qu'engendre le film comme la scène finale, qui est d'ailleurs ma scène préférée de l'histoire du cinéma ; la musique accompagne la tension, l'inquiétude, l'épique et le suspens; une scène filmée, montée, jouée et la musique qui relève de la perfection.


Quant aux acteurs ils ont juste les gueules parfaites de leur personnage on croirait qu'ils ont étaient créer pour les jouer, Clint Eastwood a la tête parfaite pour le cowboy malicieux et vif d'esprit en y ajoutant du charisme de la "bad ass altitude", Lee Van Cleef colle parfaitement au rôle du méchant cruel avec le regard qui perce l'écran et Eli Wallach qui est l'homme parfait pour jouer un truand vicieux, énergique et comique, et qui est d'ailleurs le personnage le plus attachant du film. Le défaut qu'on pourrait reprocher au film c'est que excepté Tuco les personnages ne sont pas très bien développés, moi je pense que le réalisateur a voulu mettre plus en avant leur caractère et leur iconisation que leur profondeur, qui contrairement à Tuco ne sont pas choqués par la violence ou la situation qui puisse les dépassé.


Nous avons aussi comme le premier volet une belle histoire d'amitié entre Tuco et Blondin les deux malgré leurs différences et leurs nombreuses trahisons sont tous les deux seuls au monde. Blondin finira même par laisser de l'argent à son fidèle ami même si lui par contre ne semble pas avoir vu la charité. Et nous pouvons aussi parler de cette mort pitoyable de la brute qui a toujours été à l'avantage sur les autres mais qui n'est jamais tombé sur un gars comme Blondin.


Le réalisateur a d'ailleurs voulu transmettre une morale au film, sa morale étant que personne est tout blanc ou tout noir, tout le monde a ses défauts, le réalisateur disait que le meilleur écrivain du monde était Homère car ils faisaient des personnages qui n'étaient pas parfaits avec leurs propres défauts. La majorité des films ne mettant que des personnages parfaits et manichéens le réalisateur quand à lui voulait retranscrire des personnages plus fidèles à la réalité. D'ailleurs l'ouest était beaucoup plus proche historiquement que les autres westerns.


En conclusion, on est sur un grand chef d'oeuvre du septième art, un style nouveau en plus de son perfectionnisme sur tous les aspects du film, un chef d'oeuvre intemporel qui n'a vieilli que très peu, la perfection cinématographique à l'état pure. Ces personnages mémorables et le scénario qui n'est pas le meilleur certes mais le travail est davantage centré sur l'image et le son. Je ne peux que conseiller ce grand classique qui a même détrôné les westerns américains. Qui est d'ailleurs pour moi le meilleur western jamais réalisé même si j'hésite avec le western qu'il a fait par la suite. Merci à vous d'avoir lu ma critique et aussi à ceux qui ont apprécié ma critique. Maintenant je vais commencer la critique du grand Il était une fois dans l'Ouest.

Lyam_80
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le 21 janv. 2021

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