Hors norme pour l'époque.
"Carnival of Souls" s'inscrit dans une époque où le cinéma fantastique pour drive-in battait son plein, surfant sur la vague d'irrationnel qu'avaient suscité les premiers conflits entre ufologues et pélicanistes, et aussi le mal-être de la guerre froide.
L'action du film se situe dans l'Amérique profonde, dans l'Utah, à Salt Lake City, je préfère en dire le moins possible, d'autant que c'est difficile à résumer. Le film a été tourné à Salt Lake City même avec, en dehors de l'actrice principale, un casting surtout local. ça ne se sent pas, sinon dans le bon sens, celui de l'authenticité. Le film compte beaucoup de prises de vues en extérieur, au bord des lac salés ou dans la ville même.
L'influence que ce film a pu avoir sur David Lynch est évidente : personnages silencieux et inquiétants apparaissant dans un contexte au départ normal, ricanements, fantasmes sur les accidents de voiture, violence, éclairages expressionnistes alternant avec un réalisme poussé, construction narrative non linéaire, musique lancinante minimaliste... Je regardais le film pour voir d'où sortait Lynch, hé bien c'est fait, j'ai compris.
L'atmosphère est très prenante, même si, pour un oeil averti, il y a quelques passages plus faibles : j'aime beaucoup le début, mais les scènes finales de poursuite dans le parc abandonné sont un peu attendues, et ne font pas vraiment peur (on sombre un peu dans la célébration d'Halloween, "bouh, je t'ai fait peur"). Dommage que ce climax soit manqué, car la montée précédente de la tension était un quasi sans-faute.
Un film fantastique qui était vraiment en avance pour son époque, le seul film connu de ce réalisateur, Herk Harvey. Il mérite bien son rang de film culte.