Au cours de ces dix dernières années Clint Eastwood n'a mis en boîte que des biopics. Les bases des histoires étant déjà toutes là, le travail restant à faire est moindre. Les personnages il les a, la situation aussi, ainsi que tous les composants de l'histoire, il ne reste plus qu'à raconter le tout de façon intéressante. Dans cet exercice Eastwood et capable du meilleur du pire. Le personnage de Richard Jewell contient suffisamment d’éléments pour pouvoir se pencher sur son affaire. Cet homme n'a qu'un rêve rentrer dans les forces de l'ordre, enfin il en a fait partie mais a été viré de son poste d'assistant du shériff. Il va donc d'un poste d'agent de sécurité à l'autre avec l’espoir de se faire réintégrer dans la police. Comme Richard prend sa fonction très au sérieux il agit toujours avec un trop-plein de zèle. Jusqu'au jour ou cette application de la loi va s’avérer payante, puisque c'est ce qui lui fera découvrir une bombe pendant les J.O d'Atlanta. L'homme va instantanément être élevé par les médias au rang de héros national. Seulement l'éclairage d'un tel évènement est mondial et le gouvernement américain ne peut pas se trouver dans l'incapacité de ne pas pouvoir proposer un coupable.


Eastwood pointe le dysfonctionnement d'un système qui cherche à tout prix un coupable à exposer aux yeux du public. Il critique également les médias qui sont à la chasse au scoop. Tant pis si la vie des gens est brisée, il faut être le premier à sortir l'information, qu'elle soit bonne ou mauvaise ça n'a pas d'importance, seul compte le scoop. L'acharnement dont fait preuve la puissance policière et celle des médias est au cœur de ce film. Le F.B.I a son coupable, ce qu'il lui faut maintenant ce sont des preuves pour le coincer, pour cela ils n'hésitent pas à tendre tout un tas de pièges à Jewell. La façon dont sont gérées les choses est immonde. C'est une enquête à charge que mène le F.B.I, comme ils n'ont rien d'autre ils veulent tout lui mettre sur le dos. Jewell lui n'a pas vraiment conscience de la gravité de la situation dans laquelle il se trouve. Malgré tout ce que lui font vivre les agents du F.B.I il les aide autant qu'il peut, il tend le bâton pour se faire battre. Jewell a une telle foi en la justice qu'il se comporte par instants comme un véritable idiot.


Ce que présente Eastwood dans son film à un fond, seulement 2h10 c'est un peu long tout de même et puis ça manque d'élan. Le début de l’histoire traine vraiment en longueur. Le film aurait mérité d'être meilleur surtout dans la manipulation et l'utilisation que font l'état et les médias. Le trucage fait pour l'explosion n'est pas très bien fait, on voit que c'est réalisé par ordinateur, ce trucage de moyenne facture n'apporte malheureusement pas de crédibilité à cet instant. Les acteurs sont bien choisis, Sam Rockwell apporte un vrai ton humoristique à son personnage. Eastwood expédie la fin de son histoire, le caractère de la journaliste impitoyable se transforme en une personne rattrapée par l'injustice qu'elle a commise. Et puis Jewell arrête les agents du F.B.I avec une simple phrase, bon. C'est bien exécuté mais tout pourrait être nettement mieux exploité, notamment toutes les investigations des uns et des autres.

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le 9 mars 2020

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Heurt

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