Casanova. Ses frasques, comme baiser avec une nonne sous l'oeil de l'ambassadeur de France caché derrière une tapisserie (belle entrée en matière). Son goût pour Venise et ses festivités païennes en l'honneur de Venus. Ses lubies érudites portées surtout vers l'occulte. Son emprisonnement aux Plombs pour hérésie. Son goût pour les beautés éthérées. La fois où il baise par politesse une vieille comtesse persuadée que ce "Grand Oeuvre" va la mener vers une réincarnation en mâle, et demande à une jeunette de dandiner du c... à côté car sinon il n'y arrive pas. Ses visites aux salons français, où l'on joue d'infâmes saynettes homoérotiques. Son engouement pour la divine Henriette, hélas protégée de plus puissant que lui. Plus tard, sa tentative grotesque de se noyer dans la Tamise, assortie de la découverte d'un cirque plutôt repoussant, dans une brume turnerienne. Puis de nouvelles frasques, notamment à la cour de Rome. Toujours plus vulgaire : concours de baise avec un ruffian. Puis à la cour de Bohème. Une cour allemande folle, où l'on rote de la bière et où l'on fait des combats d'orgue dissonants, perché sur de gigantesques tabourets.

Beaucoup d'ennui. Quand survient la vieillesse. Les poches sous les yeux fatigués des orgies. Et que lui reviennent les deux choses que cet homme, qui n'a pas su aimer, regrette : Venise, et une femme-automate qui l'a fascinée (surtout après l'avoir saillie).

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J'ai fini par adhérer au parti pris de la mer en bâche plastique, et de manière plus générale sur le carton-pâte. J'ai vu une copie assez moche du film, à ma décharge. Par contre je m'interroge toujours sur l'oiseau mécanique qui fait un bruit électronique. Si c'est juste un symbole de la virilité de Casanova, c'est assez grotesque.

Un film qui n'a pas peur d'être laid par moments, en tout cas. On sent que Fellini vomit le baroque et ce XVIIIe siècle mécaniste, qui navigue entre hypocrisie et cynisme.

Alors que je m'étais ennuyé une bonne partie du film, ayant du mal à adhérer à tous les partis pris esthétiques, en dépit de l'indéniable créativité à l'écran, les dix dernières minutes m'ont soufflé. Par ce sentiment de vanité qui tombe d'un coup sur cet homme qui s'est toute sa vie étourdi de plaisir. On retrouve là la veine moraliste, acerbe et assez misanthrope de Fellini, un auteur bien plus torturé qu'il n'y paraît, et soucieux, quand il a trouvé une plaie, de bien trifouiller là où ça fait mal.

Alors, est-ce que le voyage valait 2 h 20 d'orgies ? C'est à chacun de décider, et j'avoue être partagé. Je fixerai définitivement mon avis lors d'une deuxième vision, avec une meilleure copie et sans couper le visionnage au milieu.
zardoz6704
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le 29 sept. 2014

Modifiée

le 30 sept. 2014

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zardoz6704

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