Il faut d’abord, pour avoir envie de défendre le film, passer l’éponge sur l’escroquerie qui consiste à prétendre qu’il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle d’Edgar Poe. En effet, s’il y a bien une nouvelle qui a le même titre que le titre original du film, ce dernier n’a en fait aucun rapport avec cette nouvelle. Bien évidemment les producteurs ont voulu surfer sur le succès des adaptations d’Edgar Poe réalisées par Roger Corman. Il faut ensuite passer l’éponge sur le titre français complètement aberrant car il n’y a évidemment aucun « cercueil vivant » dans le film. Le seul rapport du film avec l’œuvre du poète américain est qu’un des protagonistes se fait à un moment enterrer vivant. Un peu léger tout de même…
Que dire alors pour défendre le film ? Eh bien d’abord qu’il y a le grand plaisir de voir Vincent Price et Christopher Lee, plaisir d’autant plus grand que c’est la première fois qu’ils jouent ensemble dans un film (ce ne sera pas la dernière). Il paraît d’ailleurs que Christopher Lee avait accepté le rôle parce qu’il avait grande envie de rencontrer Vincent Price. Il ne fut pas déçu car les deux hommes s’entendirent à merveille pendant le tournage (voir la dernière photo qui les montre en train de disputer une partie d’échecs entre deux scènes) et que ce fut le début d’une longue amitié.
Le film est franchement gothique avec tout ce que cela implique, décors, costumes d’époque etc. et, malgré un budget assez maigre, cela ne se sent pas trop grâce au talent du réalisateur. Ce dernier apporte d’ailleurs une touche assez intéressante de modernité par rapport au film gothique traditionnel dont la mise en scène est souvent un peu académique. Certaines scènes, notamment celle du début, sont tournées caméra à l’épaule et le réalisateur n’hésite pas à utiliser des cadrages assez inhabituels.
Enfin, politiquement, même si cet aspect n’est qu’un peu anecdotique dans le film, il y a une critique du colonialisme anglais qui est elle aussi assez inhabituelle. Sur ce point on est assez stupéfait d’apprendre que le film avait été carrément interdit au Texas. Christopher Wicking, l’un des deux scénaristes, était d’ailleurs très fier de cette interdiction : « Le film avait été jugé excessivement « pro nègre » par l’administration qui accordait les visas au Texas ainsi que par les exploitants. Je dois dire que j’en ai tiré une certaine satisfaction. Une sanction encore jamais infligée un film d’horreur, du moins pour un tel prétexte ! ».