Alan J. Pakula nous livre ici une version particulièrement fidèle du roman de Styron. Ceci étant dit, la fidélité n'était pas nécessairement le meilleur choix.
On suit donc Stingo, qui emménage dans cette drôle de maison rose, et va se lier d'amitié avec Sophie et Nathan. Le roman de William Styron est un pavé. Comment adapter un roman d'une telle densité tout en y restant le plus fidèle possible? Simplement, apparemment, en réduisant certaines scènes à une simple vignette. Ainsi, certaines apparitions, comme la résistante polonaise, ou Morris Fink à la fin du film, sont là un peu comme des caméos : "regardez, j'ai réussi à caser ça, aussi!"
Je m'interroge sur la pertinence même du personnage de Stingo. (Ce qui va suivre n'est que pure réflexion personnelle). Dans le livre, c'est un personnage autobiographique. Le fait qu'il ait suffisamment d'argent pour écrire vient de la vente d'un esclave, dans le passé. Ainsi Styron met en parallèle les camps nazis et l'esclavage confédéré. Il met également en opposition les considérations frivoles de Stingo, et ses pensées dans les années de guerre, par rapport à l'horreur qu'a vécue Sophie.
Or dans le film, la partie sur l'esclavage et la mentalité sudiste est proprement évacuée. Quant aux pensées frivoles de Stingo, c'est à peine évoqué. Pour le côté autobiographique, bien sûr, cela ne fonctionne plus. Dès lors, pourquoi ne pas supprimer le personnage purement et simplement, afin de densifier le reste? (fin de la réflexion personnelle)
Franchement, c'est bien beau la fidélité, mais si cela signifie livrer un ersatz édulcoré de l'ouvrage original, pourquoi ne pas se lâcher, changer pas mal de trucs et s'approprier l'histoire? En l'état, le film de Pakula, c'est un peu comme une photographie décolorée d'une toile de maître. On voit le talent, et le film n'est pas mauvais en soit, mais l'intérêt s'avère discutable. On aimera toutefois le voir pour le talent de Meryl Streep, qui s'y montre admirable. Mais si, comme moi, vous venez de lire le livre, franchement, abstenez-vous! Pour ceux qui n'ont pas lu le livre, ou l'ont lu il y a longtemps, le visionnage en vaudra déjà plus la peine.