Retraçant le parcours croisé de deux jeunes filles, la réalisatrice montre comment l’une d’entre-elles, Mélanie Thenot, se fait manipuler et finit par se convertir et se radicaliser. Lycéenne dont l’engagement humanitaire transpire la naïveté, issue d’une famille française, elle cède rapidement aux appels d’un « prince charmant » rencontré sur la toile. Profitant du deuil que traverse Mélanie, ce jeune lion va lui faire découvrir « le mensonge dans lequel nous vivons » à grand renfort de liens YouTube. Les vidéos complotistes cèdent la place aux massacres d’enfants en Syrie et il n’en faut pas plus à jeune fille pour troquer son violoncelle contre le jilbab. Chantage affectif et manipulation médiatique sont présentés comme suffisants pour abuser de ce « cerveau troublé » par le deuil et pour transformer Mélanie en candidate au djihad. La problématique est ainsi présentée comme étant de nature affective et politique. Derrière la conversion à une religion qui n’était pas la sienne, aucun élan spirituel, aucun besoin de transcendance. Quant aux raisons qui ont mené le personnage de Sonia Bouzaria à se radicaliser, le film n’en présente aucune. Tout juste la jeune fille explique-t-elle avoir ressenti « comme une force en [elle] ». Était-il question de foi ou de révélation religieuse ? Nous n’en saurons rien, la piste ne sera pas explorée. C’est plutôt la thèse de la pathologie qui est servie, Sonia étant victime de rechutes d’extrémisme qui ressemblent davantage à des crises d’hystérie, voire de schizophrénie, qu’à des élans spirituels.


Extrait de notre dossier Filmer l'islamisme : le refus de l'invisible à lire ici.

Cygurd
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le 10 oct. 2016

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Film Exposure

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