Si j'avais de gros doutes sur The show, je suis plus convaincu par ce titre qui partage quelques similitudes dans l'évolution du rôle principal, notamment cette idée de rédemption. Contrairement au personnage de John Gilbert, celui de Lon Chaney est plus cohérent, plus intègre dans son écriture. Il partage avec lui un cynisme et une certaine immoralité mais il possède des lignes rouges et une sensibilité qui permettent de faire comprendre son revirement lors du dernier acte.
Et les protagonistes aux cœurs de son dilemmes sont présents dès le début et leurs rapports sont décrits régulièrement.


Après, le film est loin d'être parfait pour autant. Derrière le concept génial et jubilatoire, l'histoire n'exploite pas pleinement ce potentiel grinçant et presque anarchiste. Il y a bien des moments ironiques franchement réjouissant (la visite chez le client, les bijoux cachés dans le jouet que manipule un policier ou le mot écrit durant le procès) et des personnages haut en couleurs à commencer par Lon Chaney évidement évidement qui a notamment pour partenaire un Harry Earles teigneux au possible mais ça a du mal à passer la seconde, à dynamiser le récit, à sortir de certaines facilités et clichés.
Et j'ai trouvé la réalisation de Tod Browning assez plan-plan avec surtout une très mauvaise gestion de l'espace. Ca se déroule pourtant dans une poignée de décors, pourtant on ne sait rarement où se situent les pièces par rapports aux autres ; ce qui est plutôt gênant quand on doit créer un suspens autour de l'arrivée d'indésirables. Même choses durant le procès où l'absence de plan large affaiblit la continuité.
Et ce n'était peut-être pas la meilleure idée de faire reposer quelques scènes clés autour d'un ventriloque dans une œuvre muette (même si la solution des perroquets parlant est assez drôle). La séquence du tribunal perd ainsi beaucoup de ses effets.


Ca reste tout de même largement recommandable pour son concept et son interprétation remarquable et plusieurs séquences réjouissantes. Je me demande ce que vaut du coup le remake parlant de 1930.

anthonyplu
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Tod Browning à la Cinémathèque Française

Créée

le 26 févr. 2018

Critique lue 204 fois

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 204 fois

D'autres avis sur Le Club des trois

Le Club des trois
Zolo31
7

La trinité profane

Nous sommes dans le milieu de l'arnaque, pas dans celui des monstres, même si le film débute comme Freaks dans un cirque avec un numéro de Lon Chaney ventriloque. Le mécanisme de construction de...

le 22 févr. 2018

1 j'aime

Le Club des trois
Cinemaniaque
7

Critique de Le Club des trois par Cinemaniaque

Une histoire policiere peu banale, avec pour antiheros des phenomenes de foire et une romance melodramatique a souhait... Browning sait creer du suspens et laisse Lon Chaney dominer le film. On...

le 2 oct. 2010

1 j'aime

Le Club des trois
anthonyplu
6

Davantage pour Chaney que pour Browning

Si j'avais de gros doutes sur The show, je suis plus convaincu par ce titre qui partage quelques similitudes dans l'évolution du rôle principal, notamment cette idée de rédemption. Contrairement au...

le 26 févr. 2018

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

The Crossing Part 2
anthonyplu
6

Comment créer une voie d'eau en voulant éviter l'accident

Grosse panique à bord après l'échec cuisant du premier épisode. Pour essayer de ramener le public dans les salles pour ce second opus, le film a été fortement remanié : reshoot et remontage en...

le 5 juil. 2017

9 j'aime