A la fois polar et satire sociale du monde du travail (et a fortiori de la recherche d’emploi…), « Le Couperet » est un film très étonnant, grinçant et sarcastique qui dénonce avec férocité le « turbocapitalisme » galopant (fusion, compression… délocalisation…).
Un tel brûlot ne pouvait venir que de Costa-Gavras, réalisateur éclectique souvent engagé -bien qu’avec des fortunes diverses tout au long de sa carrière- qui parvient justement ici à nous démontrer par l’absurde la folie d’un système au bout du rouleau qui scie la branche sur laquelle il est assis.
Ainsi, cet honorable père de famille au chômage depuis plus de 2 ans, prêt à tout pour retrouver une place, y compris éliminer ses « concurrents » dans cette surcompétition infernale épuisante et inhumaine…
Dans le rôle-clé, un non moins étonnant José Garcia qui n’a rarement, pour ne pas dire jamais, été à pareille fête : d’une sobriété et d’une intensité remarquables, il donne corps à son personnage et le rend d’une stupéfiante crédibilité.
C’est d’ailleurs l’élément central du Couperet qui à travers son humour caustique réussit à rendre plus vraie que nature cette fable au vitriol des temps modernes. Certes, Karin Viard qui joue sa femme écervelée irrite par son jeu médiocre et la fin trop ouverte sans doute nous laisse en suspens, Costa-Gavras ne désirant pas proposer une quelconque solution ou morale… mais Le Couperet reste implacable, remonté comme une pendule (suisse) à la précision diabolique !