Le "Couteau dans l’eau" est un huis clos sur un voilier sur lequel se déroule un drame psychologique subtil qui explore la confrontation entre liberté et ordre, désir et contrôle, vulnérabilité et pouvoir.
Dès le début, le jeune auto-stoppeur impose sa présence de manière presque violente, interrompant la routine du couple marié et affirmant immédiatement sa liberté. Il incarne une révolte contre l’ordre symbolisée par le couteau qu’il garde en main.
Le mari représente l’ordre établi et la maîtrise sociale. Son besoin de dominer, d’humilier le jeune et de maintenir sa position sur le bateau, traduit une fragilité masquée par l’orgueil.
L’anecdote qu’il raconte à propos d'un homme marchant sur du verre pilé, devient alors la clé du film, elle illustre la tendance humaine à se blesser pour préserver une image ou une autorité illusoire. Le jeune homme, par son audace et sa liberté, et la femme, par sa lucidité et son refus de céder aux tensions, marchent eux aussi sur ce même verre pilé, chacun à leur manière.
Krystyna, la femme, occupe une position centrale et singulière. Observatrice des affrontements masculins, elle ne cherche pas à les empêcher mais à mettre en lumière leurs vérités intérieures.
Elle affirme en particulier que "le jeu continue".
Sa demande que le mari termine l’anecdote à la fin du film montre qu’elle comprend la nature du risque que chacun a pris. Elle induit finalement son mari à reconnaître ses faiblesses et à confesser sa propre vulnérabilité.
Le film fascine par sa tension constante, son économie de moyens et sa capacité à transformer un espace réduit en un terrain de vérité humaine où la violence psychologique s'exerce.