Le crime de l'Orient-Express d'Agatha Christie fût publié en 1934. Ce roman populaire fût adapté pour la première fois au cinéma en 1974 par Sidney Lumet avec Albert Finney dans le rôle d'Hercule Poirot. En 2017, un remake produit par Ridley Scott et mise en scène par Kenneth Branagh, sort sur nos écrans. Ses réalisations sont souvent des adaptations des pièces de William Shakespeare. Il apprécie les auteurs d'un autre siècle, d'un autre temps ou les mots avaient leur importance. Mais cela dénote aussi un certain classicisme et cela va se refléter à travers sa dernière oeuvre.
C'est une adaptation des plus académique, perdant tout son intérêt dès que le souvenir de la révélation finale me revient après sa sympathique scène d'introduction. Le costume d'Hercule Poirot sied plutôt bien à Kenneth Branagh, même si ma préférence va toujours pour Peter Ustinov. La résolution du vol d'une relique dont les suspects sont un prêtre, un rabbin et un imam; cela ressemble à une blague; se fait en un lissage de moustache. Cette mise en bouche permet de nous présenter le fameux détective belge et de le suivre à bord de l'Orient-Express, dans lequel il aspire à trouver un peu de repos. Comme l'indique le titre, un crime va avoir lieu et notre cher détective ne va pas pouvoir profiter du voyage pour se détendre.
L'histoire étant connue, Kenneth Branagh s'appuie sur un casting prestigieux susceptible de nous offrir de savoureuses compositions. Malheureusement, cette abondance va nuire à cette oeuvre désuète. Les personnages n'ont pas vraiment d'existence, ce ne sont que des pions sans reliefs. Hercule Poirot monopolise toute l'attention. Certes, Michelle Pfeiffer, puis Daisy Ridley sortent un peu du lot grâce à leurs indéniables charisme. Mais seulement lors de ses premières apparitions pour la première et trop furtivement pour la seconde, avant de se perdre parmi leurs camarades de Cluedo. Cette somme de talents est effroyablement gâchée. Le duo Judi Dench et Olivia Colman ne vit que le temps d'une scène. Willem Dafoe se débat avec un rôle qui avait un potentiel intéressant, alors que Penélope Cruz et Derek Jacobi se contentent de faire de la figuration. On fera l'impasse sur Josh Gad qui ne sert toujours à rien. Puis, on a Johnny Depp en méchant et qui, sans une tonne d'artifice pour se camoufler, démontre à nouveau son incapacité à être un bon acteur au 21ème siècle.
L'enquête ne se révèle pas passionnante. Le fait de se souvenir de la fin, doit y jouer. Mais il y a tout de même une absence de finesse, de subtilité dans sa résolution qui ressemble fort à une incapacité scénaristique à mettre en place les différents rouages nous menant jusqu'au dénouement final. Le soupçon ne se porte pas vraiment sur l'un ou l'autre des protagonistes. Cette absence de doute est préjudiciable à son déroulement, qui va finalement se résumer à un défilement de "stars".
C'est une oeuvre luxueuse où les plans des montagnes enneigées ne sont pas désagréables. Mais cela sonne creux, comme le fait d'appeler Hercule, Achille. Rien de bien méchant, mais cela n'apporte strictement rien à une enquête s'étirant sur deux heures, sans pour autant en profiter pour donner de l'épaisseur aux personnages, ni même nous tenir en haleine jusqu'à la révélation finale. Une adaptation de Mort sur le Nil se fait entendre avant le clap de fin,ce qui ne m'enchante guère, après avoir vu ce film poussif d'un autre temps. Je vous prierai de laisser Agatha Christie et Hercule Poirot se reposaient tranquillement dans leurs tombes, merci.