Qui ne rêverait pas d'avoir le prix Staline? (1941)

Bien que connaissant le film de nom, je viens seulement de voir ce film, qui est apparemment culte parmi les ''cinéphiles''. J'avais vu de bonnes critiques sur le site, du coup je l'ai emprunté à la bibliothèque universitaire. Ayant pour tradition de regarder un film en famille tous les ans à Nouvel An (et ''profitant'' notamment du fait qu'un de mes frères, qui est pas un énorme fan de ''vieux films'' ne soit pas là), je l'ai proposé à mes parents. Ce film illustre bien cette citation de Lenine « le cinéma est pour nous, de tous les arts, le plus important ». On est face à quelque chose de grandiose, face à un cinéma quelque peu hyperbolique. Trotski ajoute d'ailleurs en 1924 «Quand nos hameaux auront des cinémas, nous serons prêts à achever la construction du socialisme ».

Le Cuirassé Potemkine est une commande du gouvernement soviétique, une sorte de "film d'Etat". Une des choses marquantes dans ce film, c'est la virtuosité des musiciens Edmund Meisel, Dmitri Chostakovitch et Nikolaï Krioukov. Même lorsqu'on est passionné de cinéma comme moi, c'est toujours un exercice relativement inhabituel de regarder un film muet. Or la musique est tellement bien utilisée pour illustrer les différentes scènes, notamment celles de suspense, que cela permet de bien lier les scènes entre elles. La musique fait partie du montage. Ca tombe bien, le réalisateur Sergueï Eisenstein pratique un cinéma expérimental, où il aime tester diverses techniques de montage. Les plans sur les bâteaux, sur le port d'Odessa ou au niveau de l'escalier sont grandioses. On voit bien ici l'influence de ses études d'architecture et dans le domaine du génie civil.


Eisenstein aime travailler avec des acteurs amateur, les acteurs de ce film étaient inconnus ou presque lorsqu'il est allé les chercher. J'aime bien cette démarche, ça donne une manière de jouer différente. Cela permet également de ne pas trop se centrer sur les personnages (ce qui serait difficile avec un acteur célèbre), afin de pouvoir montrer sur le bâteau les rapports de classe entre dominants (les officiers) et dominés (les matelots). On s'intéresse à la fonction avant de s'intéresser à la personne, et ça peut paraitre bête mais c'est très rare au cinéma. Les officiers veulent obliger les matelots à manger de la viande pourrie, que le médecin du navire décrit comme saine, alors qu'elle grouille de vers (des larves de mouche selon lui). De cet incident nait la mutinerie. Les rapports de classe sur le bâteau représentent les rapports de classe dans la société russe.


Je pourrais parler d'autres points positifs du film, mais je tiens à ce que mes critiques ne soient pas trop longues. Je finirai donc sur un point négatif, qui fait que je mets 7 et pas 8/10: il y a eu 5-10 minutes du film (les scènes avant que 2 bâteaux, un de l'Armée, et celui des mutins se croise) où je me suis un peu ennuyé, je ne savais plus qui était qui dans les bâteaux d'ailleurs.

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le 2 janv. 2024

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Vincent E

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