Le message de « Le dernier des hommes » est clair : c’est l’histoire d’un homme qui peut tout perdre, être plus bas que terre mais ne veut pas perdre sa dignité car la seule chose qui lui reste, quitte à tomber dans l’alcool et le mensonge, car il ne peut faire que cela, il n’a pas le choix mais personne ne le comprends, l’homme n’a pas d’autre choix que de renoncer. Mais le happy-end, peut être une réalité alternative, montre que l’homme vaut bien mieux que ceux qui l’ont maltraité par son comportement : respecter des gens qui sont inférieurs : il ne veut pas être comme ceux qui l’ont maltraités, voulant montrer une vision de la société plus optimiste que celle qu’il a connu.
Le film, qui a la particularité de ne contenir aucun dialogue, seulement deux intertitres, un à l’introduction et le dernier
pour la fin alternative, est très réaliste
, son propos résonnant tellement encore aujourd’hui et son regard sur les ragots est aussi terrible : les voisins de l’homme semblent valoir bien plus que lui alors que ce n’est clairement pas vrai et que eux (elles, surtout des femmes), n’ont aucune dignité, finalement aucun respect pour les autres.
Côté interprétation, Emil Jannings est de pratiquement toutes les scènes, c’est surtout avec ses yeux et sa carrure imposante qu’il exprime ses sentiments, son visage marqué (alors qu’il n’avait que 40 ans lors du tournage !) dit tout : en effet pas besoin de dialogue.
Mais c’est peut être surtout la mise en scène, ici, qui vaut son pesant d’or. Murnau s’est déchaîné, il l’a tourné coup sur coup avec « Les finances du grand duc », mais il s’éclate beaucoup plus avec sa caméra et les possibilités que lui offre le cinéma alors. Ainsi dès le début, il nous fait part de travellings très rapides, raccordant avec un montage sec, il se régale aussi avec des expérimentations notamment celle où lorsque l’homme s’endort, son visage est coupé en deux par lui à l’entrée de son hôtel, utilisant aussi un dédoublement et même des séquences subjectives.
Il nous montre aussi l’homme tourner sur une chaise, la caméra tournant alors à 360 degrés.
Il ose même une séquence de rêve tout en flous. Et bien sur comme dans « Phantom » trois ans plus tôt, il montre un immeuble sur le point d’écraser le personnage principal.
Je mets seulement 6 parce malgré le propos et son regard très réaliste, la mise en scène de Murnau, l’interprétation d’Emil Jannings, le film est assez déprimant.