Le Dernier souffle est, à l’instar de la filmographie de Costa-Gavras, tout entier engagé dans un combat politique, en ce que la représentation des soins palliatifs constitue moins son sujet principal qu’un contrepoint à même d’interroger la place que nous laissons à la mort dans notre société utilitariste. La construction du récit procède par énumération de saynètes plus ou moins théâtrales, chacune mettant en scène un ou plusieurs des personnages au contact d’un chœur qui commente l’action pour mieux intégrer la voix du peuple, confusion de sagesse et de peur face à l’inconnu. La pratique de l’IRM initiale sert de métaphore à un scanner du milieu hospitalier : nous déambulons de service en service, accompagnés du docteur Augustin Masset, sommes ainsi à l’image de l’écrivain Fabrice Toussaint, c’est-à-dire des spectateurs tour à tour étrangers au microcosme investi et concernés par ses préoccupations. Ce statut paradoxal du protagoniste sert de rempart à tout discours généraliste ou théorique, réinjecte en permanence sensibilité et authenticité au sein de dialogues qui sonnent toujours justes. Une réussite rappelant, si besoin, la vivacité esthétique et intellectuelle de son cinéaste.