Malgré un budget très limité, Romain Quirot fait preuve d’ambition pour un premier film tant dans sa mise en scène que dans le choix du genre (malheureusement, la science-fiction n’a pas la cote dans l’industrie française). Une ambition saine, dénuée de m'as-tu-vu mais généreuse tant dans le travail sur l’image que dans les références qu’il convoque. Ainsi, on retrouve dans ce post-apocalypse futuriste du Blade Runner, du Mélancholia, du Cinquième Élément... Le tout saupoudré d’un peu de Mad Max Fury Road (ce qui n’est pas sans déplaire à votre serviteur), sans que tout cela tombe dans le gimmick ou le clin d’œil gratuit, ces influences étant assimilées et utilisées à bon escient dans l’intérêt du film.


Une des autres grandes forces de ce long-métrage tient dans sa bande-son faisant la part belle aux synthé planants et tournoyants. Ceux-ci sont présents aussi bien dans la très belle bande-originale d’Etienne Forget que dans les choix des morceaux utilisés dans certaines scènes. On peut citer Cambodia de Kim Wilde qui ouvre le film et qui, dès le générique d’ouverture, pose l’ambiance tout en illustrant d’emblée le talent du réalisateur pour la mise en scène.

Tout au long du film, ce dernier démontre, en effet, une certaine maîtrise dans la gestion de ses figurants et acteurs à commencer par Hugo Becker et la jeune Lya Oussadit-Lessert. Les deux forment un duo très convaincant : lui, dans le rôle de Paul W.R fuyant le poids des espoirs de toute une humanité condamnée et elle, dans celui d’Elma, adolescente rebelle tantôt agaçante tantôt extrêmement touchante au fur et à mesure que s’établit le lien entre les deux personnages. Autour d’eux, le reste du casting est à la hauteur : Paul Hamy fait un antagoniste bien menaçant et même Jean Reno, malgré un nombre de scènes limitées, ne semble pas cachetonner et prendre son rôle au sérieux.


Pour autant, tout n’est pas parfait : il y a quelques faiblesses et grosses maladresses notamment dans le scénario et l’écriture de certains dialogues mais ce n’est jamais rédhibitoire et encore une fois pour un premier film, on peut le pardonner.

C’est d’autant plus pardonnable vu le risque pris par Romain Quirot quant au choix de la thématique. C’est frais et rassurant de voir des jeunes cinéastes français oser s’engouffrer dans la science-fiction et il faut les encourager même si parfois (souvent) la critique et le public ne suivent pas, car ils prouvent que la SF et plus largement le cinéma de genre ne sont pas la chasse gardée d’Hollywood et qu'en France, on est aussi capable de très belles choses.

Tellak
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le 5 déc. 2023

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Florian

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