S’il avait déjà gratifié de nombreux spectateurs français par sa présence avec la loi de Téhéran, le cinéma iranien n’avait pas que cette seule cartouche de taille à tirer à l’international en 2021, puisque Le Diable n’existe pas, de Mohamed Rassoulof avait été récompensé par l’ours d’or, suprême récompense du festival de Berlin en 2020. De multiples reports plus tard, il a fini par atterrir sur nos écrans, et sa ressortie dans le cadre du festival Télérama m’a offert la possibilité de le découvrir en salles. Et comme j’ai eu de la chance. Le diable n’existe pas est en effet un film qui mérite le grand écran à tous les niveaux, déjà par sa forme, puisqu’il est plus facile d’enchaîner quatre courts métrages réunis en un long de 2h30 dans une salle de cinéma que sur un ordinateur ouvert à toutes les distinctions. Et pourtant, même en racontant quatre histoires dans quatre genres différents, la grande force du film est son absolue cohérence, puisqu’il a un protagoniste, son sujet, la peine de mort, avec une évolution thématique très finement étudiée, et il réussit presque à organiser une construction dramatique globale, ce qui n’est assurément pas chose aisée. Presque et pas entièrement. En effet, si les deux premiers segments sont absolument brillants, affichant de sublimes plan-séquences, que ce soit le premier, qui erre longuement en attendant de dévoiler son sujet, dans une gymnastique qui pousse à traquer d’où il vient, jusqu’à devenir coup de poing dans son ultime plan, annonciateur d’un second segment, qui a pour lui une tension exceptionnelle, toujours portée par ces plans-séquence donc, la suite semble ralentir un peu, à tel point que si le troisième passe encore par son ambiance, une brisure survient dans le rythme à la moitié du film, ce qui se ressent surtout dans le dernier segment, qui n’a plus rien à raconter, sur le fond comme sur le forme, apportant un désagréable effet de redite. Toutefois, la construction du film, sa mise en scène, ses comédiens, et son écriture font que les trois premiers offrent au film d’être assez marquant, en plus d’être une très belle porte de réflexion sur un sujet fort complexe.

Leankon
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le 29 janv. 2022

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