Scénario :
Italien, n, m : Homme vivant en Italie. L'Italien de cinéma est le type même du "bon vivant" : il parle haut, fort et avec les mains ; il devient immédiatement votre pote, raconte des histoires incroyables, conduit comme un taré, aime la bonne nourriture, le bon vin et les belles femmes. Une vie de bohème désinvolte qui le conduit parfois au mensonge ainsi que dans des umbroglios pas croyables.
Il n'est pas facile de devenir Italien : prenez l'acteur français Jean Louis Trintignant. Il aura beau parler la langue et vivre là bas, il montre bien qu'il est en retrait et timoré pour cette vie là. Quoique...
Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" version "un réalisateur = un film"
En tant que sujet d'étude :
Le fanfaron est le film j'ai pris afin d'étudier le cinéma de Dino Risi un réalisateur dont j'avais vu le film à sketchs Les Monstres mais il faut dire que c'est plus une étude de l'Italie des années 60 qui s'ouvre à moi.
Il faut dire que Risi est bon pour créer des personnages qui s'amusent à prendre les travers des italiens. Si Les Monstres était une grosse farce un peu tarte à la crème, on est sur quelque chose de plus subtil, avec une sorte de buddy movie qui fonctionne entre Roberto, un personnage timoré, basique, d'étudiant en droit (dans ses bottes), et Bruno un Italien fort en gueule, roublard, vantard mais au font, assez attachant.
Surtout que le film suit une progression logique : Roberto et Bruno font connaissance, puis Bruno entre dans la vie de Roberto et finit par déconstruire les certitudes que l'autre avait quitte à changer le regard qu'il portait sur sa famille. Mais arrivé au troisième tiers du film, c'est le personnage de Bruno qui est déconstruit et complexifié : on s'aperçoit que la vie de bambochard qu'il a mèné n'est pas si bien que ça et qu'il a délaissé sa femme et l'éducation de sa fille. Ce qui pourrait paraitre comme une situation désastreuse se révèle être plus complexe que ça : les proches de Bruno ont fait avec ses horribles défauts et lui même s'y résigne.
Il y a une sorte de légèreté à travers le film qui transparait dans son côté "slice of life" avant l'heure. Il ne se passe pas grand chose dans ce film : on part au restaurant, celui-ci est fermé, on se balade. Tout le film est basé sur l'idée sur le fait que le 15 Aout en Italie tout est fermé, mais ça permet de montrer un peu la vie des italiens dans les années 60 : leurs loisirs, la façon dont on se comporte. Il y a toute une vision intéressante de la société italienne durant les trente glorieuse, l'insouciance de l'époque notamment celle de la nouvelle génération.
Le film est aussi considéré comme une sorte de road movie avant l'heure et c'est vrai qu'on s'y balade sans arrêt en bagnole, au point que moi qui ne suit absolument pas un connaisseur de la géographie italienne, je ne comprend même pas où ils vont. Je reconnais juste Rome (déserte because 15 Aout) et je comprends qu'ils s'en éloignent de plus en plus. Après, les plans en bagnoles restent encore assez impressionnants, surtout lorsqu'on connait les conditions de tournage d'époque (caméra embarqué) et la façon dont roule le personnage de Bruno : on a souvent peur pour l'équipe technique qu'elle se prenne une voiture qui arrive en sens inverse.
Chose étonnant : Easy Rider serait une sorte de remake très déformé de ce film.
Mon avis personnel :
En matant Le Fanfaron, je me suis dit "purée, mais c'est ce film qui aurait dû s'appeler la "Dolce Vita" et j'ai appris que c'était le cas pour la version anglaise du film. Ces italiens qui au 15 aout sortent, vont boire, suivent les filles en bagnoles, reviennent, vont au restaurant, au dancing, vont sur la plage (ils y dorment, même) c'est quand même super agréable. Et un peu une torture à regarder en période de confinement, même si tu te calme lorsque tu fais le calcul sur l'age des acteurs à l'heure actuelle.
On est dans un des rares films où je trouve Trintignant agréable et sympathique. Le gars n'a pas un charisme fou et il ressemble un peu à mon ex-beau frère. Mais c'est ce qui le rend assez attachant (et je suis impressionné par le fait qu'il parle italien couramment.) Il fait d'ailleurs la paire avec Gassman qui lui est "bigger than life" : le mec est une grande gueule dans un corps de sculpture grecque.
Bon, après, j'ai vraiment des réserves sur la fin que je trouve nulle.
J'ai l'impression que c'était un cliché d'une certaine époque de finir avec un accident de bagnole quand on avait aucune idée (le Mépris, le salaire de la peur, Easy Rider, etc...) Et au fond, ça détruit complètement la morale du film. L'idée c'est que le vieux, Bruno, donne une leçon de vie au jeune, Roberto, en lui expliquant que non, sa vie ne se résume pas à devenir avocat et à faire du droit comme son cousin (qui n'est même pas son cousin) et qu'il y a plein de nouvelles manières de vivre.
Or, bah, si Bruno meurt à la fin, ça donne l'impression qu'en fait, ça n'a pas servi à grand chose, voire même que Roberto n'aurait JAMAIS dû accepter de devenir pote avec lui. Moralité : n'ouvrez jamais la porte aux gens le 15 aout.
Bref, je suis pas fan du cinéma italien, mais ça, j'aime bien.