Exercice d'hostile
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Le sujet est terrible : des prisonniers, parfois juifs - comme le personnage principal, Saul - faisaient partie des Sonderkommendo. En d'autres termes, ils faisaient partie des rouages de la machine d'extermination, rouages éphémères car remplacés tous les 4 à 6 mois.
C'est un sujet réel, c'est un sujet les dents serrées, et c'est comme cela qu'il a été traité : les dents serrées, entendez le champ et la caméra serrés.
De fait, le 1er film de Lazlo Nemes nous impose un cadre 4/3 dont nous n'avions plus l'habitude et qui "réduit" notre visibilité ; de la même manière, il nous impose une profondeur de champ très réduite et privilégie le gros plan...
Alors, la bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas de scènes "gores" dans ce film. La mauvaise nouvelle, c'est qu'il suffit que vous ayez un minimum d'intelligence de l'image et de culture générale pour saisir tout ce qui est suggéré, tout l'arrière-plan "flou" visuel ou sonore. Je dis la "mauvaise nouvelle" pour les âmes sensibles, mais c'est peut-être une "bonne nouvelle" pour le cinéma.
Car ce film, on le sent, a été réalisé "les dents serrées", car ce film n'est pas un énième film sur la shoah.
Le recours systématique au gros plan a un sens : il nous plonge en enfer, et surtout, il nous empêche de sortir la tête de l'eau, et c'est de fait le tour de génie de ce film. On entrevoit des choses, o les devine, on les entend, mais on ne les voit jamais vraiment. A ce niveau d'horreur, qui peut dire entre hallucination et réalité ?
Quant au "fils de Saul", qu'il ait ou n'ait pas existé n'est pas pertinent dans le contexte ; ce qui l'est, c'est l'état psychologique des hommes dans ces camps... et cela aussi, c'est terrible...
Bref, un film à ne pas mettre devant les yeux des plus jeunes, mais un film à voir. D'urgence.
Créée
le 11 nov. 2015
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