Go go dancer ?
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Si il y’a une clef, qui peut aider à crocheter la polysémie de cette oeuvre, haute en couleur, c’est peut-être le recours au Haïku. Non content d’emprunter à la concision polyphonique du haïjin -qui contracte son objet, comme la tectonique des plaques compresse un boulet de charbon, pour extraire un diamant- Kazuya Shiraishi semble multiplier les références, pour servir la générosité d’une expression, qui jamais ne dit, mais toujours suggère. Il nous livre une interprétation du Sakura chéri, neuve, qui déroge à la tradition. D’une certaine manière, il enfreint le code.
Les Sakuras, incarnant l’innocence, le renouveau, la vie, mais aussi la fragilité la fugacité trouvent ici une résonance inattendue. La beauté et la vulnérabilité acquièrent résilience et sagesse.
Le code, forgé dans la pudeur, le sensible et la déférence, nous est présenté un peu à la manière d’une nature morte chez Vermeer. Le ballet gracile des mains sur les plateaux, les pièces déposées, autant de note à l’annonce d’un orage. Mains, tapisseries, visages, peigne rouge dans la lumière diffuse -intruse, trouble- annoncent dans la réfraction d’une caméra obscura, ce que rien ne présage, hormis une petite clochette. Une charge en accord avec la perception Nippone, contre les présupposés bienfaits des lumières crues, impudiques qui aveuglent. Mais aussi la lumière qui vient déposer son lait, sur la fiancé. Vient-elle sanctifier ou jeter une malédiction ? Nul ne le sait, l’ambiguïté demeure. À moins qu’un Sakura précieux n’intervienne.
Que dire du dilemme Dostoïvskien ? Comment accorder la rigidité d’un édifice avec les détours sinueux qu’empreinte la vie. Et comment assouplir un dispositif qui permet de rester debout, ancrés sur ses pieds. Qualité sans laquelle il est difficile de se mouvoir. À moins de ramper. Où est la dignité? Dans une pureté incorruptible, qui finit chez les fous ou dans la perversité de celui qui renverse l’idiot. La rectitude du samouraï Shiraishien trouvera t’elle une voie plus tempérée?
Dans ce film rien ne saurait-être plus délicieux qu’un jour de noce, sinon les préliminaires. L’arc reste tendu du début à la fin, sans jamais se relâcher. Prouesse qui transmue le trivial en merveilleux. Et si une tête vient à tomber, ça ne sera pas tant pour avoir fauter que d’avoir outrageusement salit. Une faute de goût, une fausse note et la partition s’effondre. Le code c’est le code. La vie c’est la vie.
Exceptée l’affiche, d’un graphisme Mainstream, qui n’illustre pas la singularité de l’oeuvre, rien à redire : c’est du très beau cinéma
Créée
le 16 nov. 2025
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