La première fois que j'ai vu la description de ce film, je me suis demandé si on pouvait réellement le décrire comme étant un film de Fantasy, et non un film Fantastique. Même si la frontière est extrêmement mince entre les deux, surtout dans le domaine du cinéma, il se trouve que cette distinction est importante pour des motifs personnels. Et puis, j'ai vu la date de sortie : 1984. Deux ans auparavant sortait en salle un monstre qui allait engendrer des milliers de création dans le domaine de la "Sword and Sorcery" (ou Heroic Fantasy avec les conventions actuelles), j'ai nommé Conan le Barbare. Et du coup, la confirmation d'un film de Fantasy m'est apparue.
Le Justicier contre la reine des crocodiles, ou Koral le justicier dans la version que j'ai regardé (d'ailleurs, qui est Koral ?), est donc un film de "Sword and Sorcery" dont les références au film de John Milius, ou du moins les éléments récurrents à ce genre de Fantasy, crèvent les yeux. Néanmoins, en film de Fantasy, je lui ai naturellement donné une chance de me surprendre et je dois avouer ne pas du tout avoir été déçu pour les surprises... sauf que je ne m'attendais (presque pas) à ce genre de surprises là.


Pour résumer, nous suivons les aventures de Mandala, un guerrier solitaire qui a promis d'aider une épouse prête à être mariée de sauver son fiancé des griffes d'une reine maléfique.
Grosso-modo, voilà l'histoire ; pas plus de spoil, bien évidemment.


Alors... Il faut se remettre dans le contexte de l'époque et même ça, c'est assez difficile de s'en rendre compte vu le nombre de films ayant pris la suite du héros de Robert E. Howard à l'écran mais je pense ne pas être dans le faux si je déclare que l'histoire est plutôt originale. Ici, pas de famille proche assassinée mais juste une révolte d'un peuple contre les lois tyranniques d'une reine. Un tout autre scénario donc avec une toute autre entrée en matière mais là réside un petit défaut - si tant est que cela soit un défaut : le héros - le guerrier appelé Mandala - n'apparaît pas à l'écran avant un sacré bon moment et de cette façon, on peut avoir l'impression que le film met l'accent sur la fiancée. On se retrouve un peu comme devant le film Kalidor: La Légende du talisman où on se demande si le grand guerrier musclé n'est pas, en réalité, un personnage secondaire et la femme - tout aussi forte - n'est pas le véritable protagoniste de l'histoire.
Outre cette sensation totalement subjective, l'histoire en générale est plutôt agréable. Plutôt écris-je car on va vite se heurter au plus gros problème et défaut de ce film : le montage !
Sérieusement, je n'ai jamais vu quelque chose aussi déconstruit que dans Dark Fantasy : il faut avoir les yeux bien accrochés et le cerveau bien préparé pour visionner ce film sans avoir des questionnements comme "Qui c'est lui ?" "D'où il vient ?" "Pourquoi ?" "Où ? Quand ? Comment ?"...
Mais le pire demeure les coupages : le film déborde de moment où l'on voit très clairement une coupure dans le montage, donnant l'impression de regarder un "stop motion" horriblement travaillé (des coupures de une à deux secondes, ce qui est énorme !). Et couplé à ces coupes quelque chose de plus terrible : le film ne respire à aucun moment ! Aucune transition, aucun moment de calme, aucune inspiration, on déroule le film et tant pis pour toi si tu ne comprends absolument rien...
Si le fond est donc convenable en un sens, la forme est totalement indigeste et gâche absolument tout le film, ce qui est - je ne vous le fait pas dire - extraordinairement dommage...


Pour les personnages, je n'ai rien à dire. Des personnages construits même si un peu vides, logiques. Certaines figurent du genre de la Fantasy - les deux "frères" de combat - seront les bienvenues mais je ne peux pas parler des personnages sans faire mention de la fameuse reine des crocodiles. Elle est l'incarnation, dans ce film, de l'érotisme et encore, le mot érotique n'est pas assez parlant pour arriver à la caractériser réellement. Ce personnage est là limite juste pour avoir des scènes érotiques. Pourquoi elle est maléfique, d'où elle vient, qui est-elle... on s'en fout par contre, elle baise pour être grossier. Sincèrement, les antagonistes des œuvres de Sword and Sorcery sont censés être charismatiques et là, on se retrouve avec une reine dont le but premier est d'avoir quelqu'un dans son lit... C'est navrant à ce stade...
Pour conclure - et je dois bien vous avouer mon agréable surprise - s'ils sont un peu vides, nous avons des personnages vraiment haut-en-couleurs, variés et plaisant à suivre, que ce soit les héros, adjuvants et antagonistes, sauf pour la reine qui demeure la grossière blague de ce divertissement.
A noter également que la version française est sympa. Pas de ton parodique ou je je-m’en-foutisme et ça, ça fait plaisir !


Divergeons vers les affrontements qui sont également très éloquents.
Nous avons beaucoup d'arts martiaux dans ce film et ce n'est pas en mal que je le pointe, au contraire : même si l'on pu voir des combats semblables dans les œuvres de Fantasy Orientale, il faut dire que ce genre d'affrontement rafraichit et change des simples duels aux épées que nous offre habituellement la Fantasy.
Ce qui est embêtant par contre, c'est quand on désire en faire un petit peu trop... En effet, les combats sont juste démesurés ! Et de la manière dont est monté le film, c'est un pur délice de contempler les batailles (#sarcasme) et en un sens, c'est dommage car les combats sont incroyables bien orchestrés, dynamiques, haletants... Très sérieusement, il n'y a absolument rien à jeter dans l'ensemble mais la mise en scène fait que, à visionner ces scènes, on se rapproche dangereusement du nanar (ce que ce film est très probablement, de toute évidence).
Sincèrement, rien que pour les combats, il faut vraiment voir le film pour y croire ; ce que je vous recommande chaudement. Et si on atteint plusieurs fois le ridicule, je me dois tout de même de placer une mention spéciale sur le faux sang utilisé que je trouve - à titre personnel - mille fois mieux que le sang numérique.


Pour ce qui est des effets spéciaux, ainsi que les décors quitte à faire, nous avons deux écoles.
D'un côté, les décors sont franchement splendides malgré le nombre très restreint de bâtiment dans le ton fantaisiste, j'entends par là n'étant pas de simples villages. Une mention spéciale pour le trône-lit de la reine qui en jette tout de même. De l'autre côté, les effets spéciaux sont à double tranchants. Certes, le sang est, pour ma part, un point fort de ce film. Les membres sectionnés et les têtes décapitées se laissent regarder sans que l'on vienne trop soupirer, ces actions et présentations demeurent de bonnes factures malheureusement, on ne peut pas en dire autant des créatures. Nous avons le droit à l'apparition d'un cyclope qui est absolument horrible... Alors certes, nous sommes en 1984 mais tout de même... J'ai eu plus de plaisir à découvrir la vouivre de Willow !
Par contre, je ne saurais défendre le passage des rayons laser ; à ce stade, le film se foutait royalement de sa futur réputation.
Et il faut parler des costumes qui, sur les personnages clés sont impeccables mais qui, sur les sbires de la reine, sont tout simplement ridicules malgré une volonté de bien rendre à l'écran.


Pour les paysages, absolument rien à dire. On demeure sur du basique même si le milieu "jungle" est assez original pour un film de Fantasy.


La musique, quant à elle, est assez discrète et seulement quelques notes restent en tête.


Le Justicier contre la reine des crocodiles est donc une création audacieuse, il faut le reconnaître, mais qui a échoué sur de nombreux plans, le plus impardonnable étant celui du montage. Si le film avait été mieux monté, mieux construit, nul doute qu'il aurait peut-être eu plus de succès en tant que film sérieux, et encore je suis plutôt optimiste pour lui...
Il y avait de l'idée, il y avait de l'envie mais les nombreux défauts font que ce film est raté et qu'il passe dans le monde merveilleux du nanarland. Néanmoins, pour l'effort et l'originalité, je suis très à recommander ce film. Il faut juste que vous soyez préparés psychologiquement à subir pendant très de 1h30 un montage des plus catastrophiques qu'il m'a été donné de voir jusqu'à aujourd'hui.
Cependant, n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 30 août 2019

Critique lue 253 fois

PhenixduXib

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