« Le labyrinthe de Pan » vous saisit comme un sortilège. Vous plongez dans l’histoire tout garde baissée et vous vous laissez manipuler par l’enchanteur Del Toro.


Maladroitement présenté comme un film fantastique, ce film est avant tout une œuvre sur la désespérance. La toile de fond est l’avènement du franquisme en Espagne et des heures sombres et horribles qui en découlèrent. Le leitmotiv est le choix. Celui d’être du bon ou du mauvais côté, celui de se sacrifier ou non pour une cause, enfin celui de vivre au quotidien la souffrance ou de s’évader vers un ailleurs plus chimérique.


C’est ce que fait Ophélia, petite fille perdue entre un père décédé trop tôt et une mère qui a lâché prise sur son destin. Comme Alice au pays des merveilles, Ophélia trouvera la porte d’entrée d’un monde qui s’il n’est en rien féérique lui donne une liberté de choix. Un monde composé de faunes et de fées, de croque mitaine et des monstres hideux avec lesquels elle devra composer un parcours initiatique courageux dont la noirceur n’a d’égal que le côté apaisant face à une réalité plus dure encore.


On sent l’implication de Gillermo Del Toro dans son scénario abouti jusque dans les moindres détails. L’incursion de l’univers chimérique, loin de casser le rythme, se pose comme le pendant optimiste de l’univers d’Ophélia. Extrêmement complexe et pourtant très fluide, le récit alterne violence et onirisme et reflète une vision critique de l’histoire tout en faisant un parallèle avec notre société d’aujourd’hui.


Mais ce qui impressionne plus encore dans ce film, c’est son incroyable maîtrise. La mise en scène sans complaisance et intelligente est accentuée par un ensemble technique époustouflant. La photo, les effets spéciaux, la somptueuse bande originale tout contribue à donner à ce film une vraie dimension de chef d’œuvre. Il est porté également par trois comédiens ahurissants : Sergi Lopez tout en retenu en militaire sadique, Maribel Verdu troublante et bouleversante et la petite Ivana Baquero tellement attachante.


Le Labyrinthe de Pan est un film exemplaire. Comme « Le vent se lève » il dénonce la guerre civile, avec cependant plus de force et d’originalité et surtout moins de banalité… C’est peut-être cela qui a perturbé le jury à Cannes… Afficher au monde la qualité d’un tel film était sans doute trop courageux… Après tout c’est une question de choix !


Quelques extraits musicaux :


La berceuse : https://www.youtube.com/watch?v=eZWqe9_XAyI&index=1&list=PL659364B3BE30B634


https://www.youtube.com/watch?v=fvm-ZO7Vwk0&list=PL659364B3BE30B634&index=20

Créée

le 11 sept. 2014

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Fritz Langueur

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