Facepalme
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le 19 déc. 2012
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(critique qu'il vaut mieux lire après avoir vu le film)
Le lauréat fait partie de ces films que l'on n'a plus besoin de présenter. Le voir au cinéma aura été une bonne expérience, d'autant que, l'ayant vu très jeune, je peux aujourd'hui admirer la composition des plans. Des idées simples en apparence mais qui permettent de raconter l'histoire à peu de frais, soit une mise en scène particulièrement élégante.
Commençons par la fête, au début : la première vision de Mrs Robinson, on la remarque forcément, elle se démarque des autres invités. Comment? Elle regarde dans une autre direction, tout simplement. Est posée d'emblée la solitude de ce personnage, qui se sentira réellement attiré par celui de Dustin Hoffman, en ce qu'elle ne se reconnaît pas, comme lui, dans les autres. Il y a également ce personnage qui dit à Dustin Hoffman un seul mot pour son avenir : plastique. En un seul mot incongru, effectivement, voilà montrée la part ridicule du matérialisme de la middle class américaine.
Dans la chambre de Dustin Hoffman, on ne peut pas ne pas remarquer ce plan à travers l'aquarium, avec ce scaphandrier qui fait écho à une scène oppressante, plus tardive. C'est que le personnage de Dustin Hoffman est constamment filmé dans des cadres, comme s'il était prisonnier. Renforce l'étouffement que vit le personnage la proximité de la caméra, qui occulte souvent l'environnement des personnages.
Cette sensation d'étouffement disparaît complètement après son initiation sexuelle, alors qu'il se prélasse dans la piscine. Seulement, une ombre vient le recouvrir, celle de son père à contre-jour, une ombre menaçante qui annonce que la menace des conventions sociales est toujours présente.
Dispositif très simple lorsqu'il sort avec la fille de Mrs Robinson : avant d'entrer dans le bar où se déroule le spectacle de strip-tease, il marche si vite qu'elle doit lui courir après, et lorsqu'ils sortent du bar, c'est l'inverse : l'évolution de leur relation est plantée.
Très beau plan sur le palier de la maison des Robinson, lorsque la mère apprend la vérité à la fille : elle se tient dans un angle, très en retrait. Le lauréat est peut-être une comédie, mais pour Mrs Robinson, c'est tragique, elle est irrémédiablement renvoyée à sa solitude.
Dès lors, les cadres reviennent dans le film : Dustin Hoffman subit à nouveau son étouffement.
Un mot également sur la fin, qu'on pourrait penser en happy end : sauf que dans le bus, les deux amants réunis ne semblent pas si heureux. Ils doivent se dire qu'il n'y a pas d'échappatoire, ils deviendront comme leurs parents.
En définitive, Le lauréat s'avère un film parfois drôle, mais en fait oppressant à bien des égards, et la chanson sound of silence de Simon and Garfunkel apparaît comme particulièrement bien choisie. La légèreté de la chanson Mrs Robinson n'y fera rien, voire apparaîtra comme particulièrement ironique. Qu'on ne s'y trompe pas, Le lauréat est un film grave, un film massue, la satire féroce d'un milieu se révélant aussi médiocre qu'il est suffisant.
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le 22 févr. 2025
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