Troisième film de la trilogie des "appartements maudits" de Polanski qui, si je puis me permettre, boucle la boucle en beauté, car on assiste ici à une véritable descente dans l'enfer de la schizophrénie...Et c'est probablement la meilleure expression qu'il m'ait été donné de voir sur ce sujet.


La schizophrénie paranoïde de Trelkovsky, est d'abord impulsée par la haine de l'étranger, on écorche son nom, on lui fait comprendre qu'il n'a à se plaindre de rien en ce pays, puis c'est (comme dans Rosemary's baby) le voisinage qui va vite devenir un calvaire, l'enfer de la cohabitation avec les autres: collègues qui se moquent de lui, voisins qui ne supportent pas le moindre bruit, commerçants qui veulent le forcer à acheter une boisson ou des cigarettes qui ne sont pas les siennes, tout ce beau monde ne lui laisse aucun répit. Polanski/acteur a d'ailleurs largement exagéré son accent polonais en anglais comme en français, les deux versions étant valables puisque le film a été post-synchronisé.
Ensuite cette schizophrénie se nourrit de l'ambiance du lieu: de son coté séculaire apportée par petites touches d'égyptologie, dont la présence ne sera jamais élucidée, du suicide de l'ancienne locataire, d'une vieille dent arrachée trouvée dans un trou dans le mur et surtout des habitants de l'immeuble qui semblent se gangrener depuis longtemps par son influence néfaste et faire corps avec lui.


L'humour noir dont fait preuve le réalisateur est d'un caustique à faire sourire grâce à une galerie de personnages secondaires absolument truculents (la troupe du Splendid presque au complet et une toute jeune Adjani), mais ça ne fait rire qu'au départ, car très vite, on assiste, impuissant, aux montées d'angoisses de plus en plus violentes du héros.


Au niveau technique, Polanski abuse de plans en plongée et contre-plongée pour caricaturer ses personnages et c'est diablement efficace d'autant qu'au casting il a choisi de sacrées gueules. Les décors reflètent un environnement sordide (Paris n'est plus la ville lumière, mais la ville poussière) et franchouillard et les intérieurs de l'immeuble sont somptueux sauf bien sur l'appartement de Trelkovsky qui lui tombe en décrépitude.


"Le locataire" est le chef d'oeuvre de son auteur, un film finalement trop méconnu dans sa filmographie, j'ai essayé d'en dire finalement assez peu car j'atténuerais la claque qu'on prend lors du dénouement malsain et grotesque.

Miserylord
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le 24 juin 2020

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